Anaé
Jin ouvre la voie à travers le couloir grouillant de gardes. Est-ce une habitude ou le château entier est sur le qui-vive après l'échauffourée de ce matin ? Je croise le regard de Toma qui m'adresse un signe de tête avant de nous suivre en se tenant tout de même à une distance respectable.
À l'aller, je n'avais pas réalisé la longueur infinie de ce corridor, qui mène à une grande croisée qui s'étend comme les tentacules d'une pieuvre. Ma curiosité, mêlée de surprise et d'épatement, me pousse à interroger mon guide sur le nombre de couloirs que dissimule la Cité des Pierres Précieuses.
— Oh, bien plus que ne pourriez l'imaginer, m'assure Jin. Et ce croisement n'est pas le seul que vous rencontrerez au château. Il en existe trois autres similaires, avec tout autant de profondes galeries creusées à travers la roche de la montagne.
Je serre les dents pour retenir ma mâchoire et Jin glousse devant ma réaction éberluée.
— La route vers le palais étant très longue, le village le plus proche très éloigné, le roi et la reine offrent la possibilité à leur peuple de séjourner ici. Une aubaine pour ceux de la cour ameraldienne qui travaillent au château – comme les conseillers du roi pour ne citer qu'eux. Des appartements entiers permettent d'accueillir leurs familles.
— Comment est-ce possible ? N'est-ce pas dangereux si un jour la montagne vient à s'effondrer ?
— Avant tout, sachez que cette montagne a un nom. Il s'agit d'Oros. La cité a été construite à même la montagne il y a maintenant des siècles. Aucun tremblement de terre, aucune tempête, aucune guerre n'ont réussi à ébranler cette montagne sacrée. Considérez-la comme l'équivalent de vos dieux du Jour et de la Nuit. Oros ne nous abandonnera jamais.
Tant de conviction et de fierté imprégnent sa voix.
— Votre mère et votre sœur vivent-elles au palais ?
— Par intermittence. Ma famille possède un domaine non loin de la frontière séraphine. Elles se déplacent généralement pour les bals trimestriels et restent quelques jours. Elles doivent arriver après-demain, pile pour le bal.
— Me présenterez-vous à elles ?
— Avec grand plaisir, répond-il avec un grand sourire.
Les secondes s'égrènent et nous cheminons dans cette galerie qui n'en finit jamais, laissant le champ libre à mes interrogations et mes spéculations.
— Comment l'eau fait-elle pour arriver jusqu'ici ? Les tuyaux doivent mesurer des kilomètres au vu de la hauteur du palais.
— Je ne suis pas le mieux placé pour en parler, mais je dois avouer que les prouesses des ingénieurs astériens ont rendu un sacré service à la Cité des Pierres Précieuses. Reste à savoir s'ils seront un jour capables de réitérer avec le courant électrique.
Une question qui me taraude en ce qui concerne Asteria, mais j'imagine qu'on n'empêche pas le progrès. Après tout, Dastan est à Persitt pour cette raison précise.
Nous arrivons enfin au bout de notre route et rejoignons une salle ronde et immense – beaucoup plus que la salle de réception du château d'Asteria, qui pour moi détenait déjà le record – dont la beauté me heurte de plein fouet. Son plafond arrondi s'étend en hauteur jusqu'à s'achever par une fresque colorée monumentale. Le dôme est maintenu par six piliers blancs gigantesques, tous sertis de pierres précieuses de la taille de ma main. Rubis, saphirs, topazes, diamants, émeraudes et autres pierres dont j'ignore sûrement le nom se succèdent autour des colonnes en une spirale enivrante. La pièce se scinde en cinq étages qui s'enroulent autour des six piliers. La bannière au diamant noir pend de chaque balustrade.
VOUS LISEZ
Asteria : L'Héritage des Astres
FantasyAnaé est une jeune femme comblée. Après trois années à sillonner les terres d'Æthenar, elle s'apprête à se marier au bel et audacieux Dastan, son compagnon de route et le prince héritier du royaume d'Asteria, une des trois monarchies restantes du co...