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GABRIELLA
Mars 2023

Le réveil est encore plus dûr que le coucher. Mes yeux me brûlent si fort que j'en ai presque les larmes aux yeux.

Lorsque je pose mes pieds sur le sol, le parquet glacé me rappelle que je ne suis toujours pas chez moi et que la conversation que j'ai entendu la veille n'est pas un cauchemar.

La voix stridente d'Elisa m'avait tiré d'un sommeil profond qui m'aurait fait du bien s'il n'avait pas été interrompu. Dans l'entrebâillement de la porte, de la lumière filtrait et s'étendait sur le sol en un rai lumineux.

Sans un bruit, je me suis mise derrière la porte. De là où j'étais, je voyais nettement le visage de Nate, Elisa était dos à moi, mais personne ne pouvait me voir dans l'obscurité de la chambre.

La déclaration d'Elisa m'avait sidérée, le baiser qu'elle avait donné à Nate m'avait donné envie de vomir et ses insinuations à propos de la fausseté des sentiments de Nate à mon égard m'avait foutu le cerveau à l'envers.

Mon café est aussi amer que mon humeur et je grimace dès la première gorgée.

Et si Nate ne m'aimait pas vraiment ?

Cela expliquerait son refus de dénoncer mon père. J'aurais enfin une vraie réponse à sa volonté de protéger Il Luppo plutôt que moi.

Pour l'heure, je devais me concentrer sur mon dossier en cours. J'avais mis de côté la plaidoirie un instant, je me contentais de faire des consultations par correspondance, de la défense classique qui n'avait pas besoin de représentation orale pour avoir gain de cause.

Lorsque Tim m'avait demandé si tout allait bien, je m'étais contentée de lui dire que j'avais besoin de repos après ce lourd procès, ce qu'il avait parfaitement compris.

Les heures sont longues et Nate n'est pas décidé à se lever ce matin. Ni Elisa d'ailleurs. Je suis seule dans cette grande maison et je m'ennuie terriblement.

Tout bien réfléchi, il vaut mieux que Nate dorme. Je n'arriverais pas à cacher mes insécurités s'il était à mes côtés et nous nous disputerions certainement. Je n'ai pas la force pour affronter une nouvelle tempête, encore moins lorsque celle-ci est déclenchée par Elisa et sa présence sous ce toit.

Les paroles d'Elisa tournent en boucle dans ma tête et l'avancée de la matinée ne parvient pas à me calmer.

Nate émerge finalement, un sourire endormi sur son visage angélique qui ne me procure pourtant aucune sensation. Je tourne la tête pour éviter son baiser et ses lèvres atterrissent sur ma joue. Il ne paraît pas décontenancé pour autant et se contente de se servir un café en sifflotant. Il a l'air heureux pourtant, il n'y a vraiment pas de quoi.

J'étouffe. Aujourd'hui, c'est le jour de trop. Je ne supporte plus d'être dans cette maison avec lui, sa tête ne me revient pas et j'ai envie d'être seule. Non, j'ai besoin d'être seule.

Ma mauvaise humeur n'a d'égal que ma haine envers Elisa et la voir descendre les escaliers la tête dans le coltard me donne des envies meurtrières. Je n'arrive pas à ménager ma colère, alors je choisis de quitter la pièce pour ne pas finir dans les faits divers.

Nate me suit dans le salon, toujours sifflotant, toujours agaçant.

– Arrête putain, je grogne entre mes dents.

Il sursaute, interloqué par mon ton tranchant. Il ne semble pas comprendre pourquoi je suis si agressive, et je ne compte pas lui dire.

Amore mio, on ne va pas s'embrouiller de bon matin enfin, il y a bien mieux à faire pour...
– Enlève tes mains de mes fesses, je n'ai pas envie de faire quoi que ce soit qui implique ton corps et le mien et une proximité suintante.
– Gab, que se passe-t-il ?
– Il ne se passe rien.
– Alors pourquoi me repousses-tu ?

La MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant