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NATE

Mars 2023, New-York

De retour en prison après mon séjour à l'hôpital, la vie reprend son cours.

Qu'est-ce que je fous là, putain ? Qu'est-ce que je fais ici, alors que j'aurais pu passer un accord pour mettre Il Luppo derrière les barreaux, et vivre paisiblement avec Gabriella ?

J'ai presque oublié le bonheur que c'était de se réveiller aux côtés de Gabriella. Je ferme les yeux et je l'imagine nettement, m'attardant avidement sur les endroits d'elle que je préfère.

Dans ma tête, sa poitrine nue monte et descend, suivant le rythme de sa respiration ralentie par son sommeil paisible. Sa bouche un peu entrouverte est encore rougie par la brûlure de mes baisers enflammés. Ses cheveux blonds lui donnent l'air d'un ange, elle irradie de mille feux, même dans ses songes.

Elle est si calme, si sereine. J'aime à penser que c'est grâce à ma présence. C'est égoïste, mais j'aime savoir que son bonheur est dû à moi et lorsque ce n'est pas le cas, j'aime en devenir la source.

Mais lorsque j'ouvre mes paupières alanguies par le désir, il n'y a que Jack qui me regarde d'un drôle d'air.

— Tu faisais un rêve érotique là ? me questionne mon colocataire.

Je grogne, balayant son interrogation d'un geste de la main avant de me retourner face contre le mur.

— T'es d'une sacrée humeur, ironise-t-il.

— Je n'ai pas envie de causer.

— Pourtant on a que ça à foutre ici.

Mon silence ne décourage pas Jack qui continue de m'interpeller, me posant toutes sortes de questions, jusqu'à ce que finalement, je réagisse.

— Oui Jack, j'ai vu Il Luppo. Oui, il est venu me voir à l'hôpital et non, il n'a pas dit qu'il me sortirait de là. C'est même tout l'inverse. Il m'a révélé plusieurs éléments de mon passé et non, je n'étais pas content de le voir.

À l'aide de quelques phrases saccadées, j'explique à Jack la discussion entre Il Luppo et moi-même. Mon colocataire n'en revient pas, passant les mains dans ses cheveux aujourd'hui détachés dans un signe d'aberration totale.

— Et tu ne comptes toujours pas le dénoncer après cela ?

— À quoi bon, je soupire.

— Tu n'as rien à perdre.

— Ma vie.

Un ricanement quitte mes lèvres, et Jack lève les yeux au ciel. Il se renfrogne sur son couchage, continuant de m'observer avec une moue désapprobatrice qui en dit long sur ce qu'il pense de moi.

— Ta vie est déjà fichue, finit-il par dire tandis qu'un râle guttural quitte ma gorge en réponse. Tu es ici pour dix putains d'années, Nate. Dix ans. Quand tu sortiras, tu n'auras rien construit, et peut-être que ta nana se sera barrée bien loin. Avec un mec en liberté. Alors si tu ne dénonces pas Il Luppo, laisse-moi te dire que tu auras bien des regrets en sortant d'ici.

Ce n'est un secret pour personne que le système carcéral américain est tout sauf efficient. La terreur règne dans les couloirs des prisons et les gardiens sont tous plus corrompus les uns que les autres. Les prisonniers sont colériques et ne se gênent pas pour tabasser leurs codétenus, c'est le règne de la terreur et les incarcérés jouent à qui sera le plus terrifiant.

Le plus craint remporte généralement la bataille. Mais pas la guerre, jamais la guerre. Il faut être bien robuste pour pouvoir mener d'une main de fer la prison de Rikers Island.

LA MEUTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant