Chapitre 1 [2/2]

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A l'aube et à l'autre bout du pays, le soleil illuminait les murs immaculés du domaine de Sermethril. Un manoir aux airs de châtelet, avec sa toiture bleu, sa tour et son somptueux jardin. Les lueurs du matin traversaient les fenêtres et l'une d'elle dessinait un pan de lumière à travers une pièce froide et étroite. Le rayon de lumière révélait la poussière dans l'air avant d'éclairer une peinture représentant une femme blonde en robe blanche brandissant une croix dorée.

Une apparence similaire à celles des trois jeunes femmes présentes dans cette pièce. Assises sur deux bancs, elles attendaient patiemment que le prêtre en robe noire ait trouvé la bonne page dans la bible des douze. Ce dernier ajustait ses lunettes en observant le rideau violet derrière les femmes. Puis il hocha la tête et elles joignirent leurs mains en penchant leurs têtes. Il commença la lecture d'un ton monotone.

—"Brisez l'une des douze et vous mourrez.

Vous deviendrez alors l'instrument du diable.

Et la mort ne vous apportera aucun répit,

car votre âme demeure en enfer."

Le prêtre ferma sa bible et les trois femmes firent le signe de la croix.

—Selyne, je vous prie de reprendre. Sainteté concluera.

La femme assise sur le premier banc se leva. Un chignon retenait sa chevelure dorée. Le teint clair et les yeux bleus, son visage restait sérieux. Elle fit signe à ses sœurs de se lever du banc derrière elle. Puis leva sa main gauche et une lueur immaculée y apparut. Ses sœurs l'imitèrent et leurs trois lumières blanches éclairèrent la pièce en éblouissant le prêtre. Ce dernier retira ses lunettes et frotta ses yeux alors que Selyne commençait à réciter les préceptes des filles de Sermethril, d'un ton solennel en marquant chaque ponctuation.

—"Une épée dans une main, le don dans l'autre. Nos aïeuls ont péries des griffes des démons. Et leur devoir est maintenant le nôtre. Lorsque nous aurons perpétuées la lignée, nous le poursuivrons."

Selyne se tourna vers ses sœurs, deux jeunes femmes blondes aux joues parsemées de tâches de rousseur, des jumelles. Elles reprirent la suite d'une même voix.

—"Nos grands-mères, leurs sœurs et nos tantes nous accueilleront dans les cieux, tout comme nous accueilleront nos filles et nos petites-filles."

Tout les regards se tournèrent vers le rideau violet dont la teinte avait viré au rose sous l'éclat des lumières blanches. Selyne fronça les sourcils.

—Sainteté ?

Aucune réponse. Elles échangèrent des regards confus et Selyne ferma son poing, mettant fin à la lueur qu'elle y avait fait apparaître. Ses sœurs l'imitèrent et le prêtre laissa échapper un soupir de soulagement en remettant ses lunettes.

—Vous avez vérifié qu'elle était derrière le rideau ? dit-elle d'un ton sévère.

L'une des sœurs jumelles haussa les épaules.

—Au risque de voir son visage ? Certainement pas !

—Pour l'amour de Dieu ! tonna Selyne.

Elle enjamba les bancs et s'élança vers le rideau.

Le rideau s'ouvrit dans un bruissement de tissu. Personne n'osa regarder, les jumelles et le prêtre gardèrent leurs yeux fermés. Jusqu'à ce que Selyne fasse part de son constat.

—Personne.

Le prêtre ouvrit les yeux et réajusta ses lunettes en fixant le fond de la pièce. Une chaise vide. Le prêtre se mit à trembler avant de crier avec effroi.

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