Chapitre 5 [1/3]

13 3 0
                                    


A l'ombre des arbres, la calèche progressait sur le chemin terreux. Henson avait récupéré le cheval qu'avait ramené Merychel non sans s'interroger sur la disparition de Joby, le cheval qu'il lui avait prêté. Mais il n'avait pas insisté, car même lui avait remarqué les tensions entre Albarath et Irimel.

Dans la calèche, les bras croisés et affalé dans sa banquette, Irimel tapait du pied.

—Il n'y aura pas de remède.

La tête posée sur sa main, Albarath sourit en coin.

—Ton bras s'est bien remis.

—Ne change pas de sujet.

—Avant d'ouvrir la cave, je disais à Merychel que tu n'étais pas dangereux avec ton bras cassé. Et la première chose que tu as fait c'est me frapper avec.

Irimel le regarda, visiblement inquiet.

—Je t'ai blessé ?

Albarath grimaça avec exagération ce qui fit soupirer Irimel.

—Tu changes juste de sujet..

Le prince éclata de rire, jubilant d'avoir retrouvé son ami vivant. Alors que ce dernier répétait ses tentatives infructueuses pour lui faire abandonner ses plans.

Emmitouflée dans sa cape, Adrienne s'était calée dans un coin de la calèche royale, prétendant dormir. Merychel assis à côté d'elle, se tenait le ventre en songeant à la route qu'ils s'apprêtaient à prendre : les marais. L'image des marais maudits remuant les dunes de sable hantait le fil de ses pensées alors que l'odeur nauséabonde des marais de Ventbarg envahissait la calèche. Il déglutit en détournant son regard des vitres. Pas question de vomir sur la robe de celle qui lui avait sauvé la vie. Il occupa ses pensées en se remémorant la barrière de Sermethril qui avait bloqué Irimel.

La calèche s'arrêta dans une secousse abrupte, Merychel bondit hors du véhicule et courut à distance. Irimel sortit de l'autre côté, suivit d'Albarath. Laissant Adrienne seule qui prétendait toujours dormir, elle entrouvrit discrètement ses yeux pour observer les environs.

Irimel enfila son manteau noir et s'étira. Ils se tenaient devant une maisonnette en pierre au toit de chaume avec des fenêtres aux vitres carrés. Pas d'étage.

Albarath passa une main dans ses cheveux en s'approchant de la porte mais celle-ci s'ouvrit et un couple sortit. L'homme à la peau noire et au cheveux maintenus en une tresse tapota l'épaule d'Albarath alors que sa femme à la peau pâle et aux cheveux bruns se précipita vers Irimel.

—Vous revoila vous deux, dit l'homme en souriant. Henson !

Il leva sa main et le cocher descendit pour la saisir.

—Un plaisir Karel, le salua Henson.

—Quel bon vent vous amène, souffla Karel.

Albarath et Irimel échangèrent un regard, l'un souriait, l'autre grimaçait.

—Albarath..commença Irimel.

Mais le prince s'engouffra dans la demeure en passant au milieu du couple.

—Excusez-moi, je dois me raser !

Le cocher le regarda partir avec désarroi et tapota le bras de Karel.

—Je m'occupe des chevaux, je compte sur toi.

—Pour ?

—Ce n'est pas le bon vent qui nous amène..

Sur ces paroles le cocher s'affaira près des chevaux.

Confus le couple échangea un regard, la mère d'Irimel se tenait au bras de son fils. Du peu qu'Adrienne pouvait voir cette femme avait un accoutrement hors du commun. Car des cordes relevaient sa robe beige jusqu'à ses genoux d'où un pantalon la couvrait jusqu'aux chevilles. Quant au père, il avait tout d'un fermier, une salopette marron par-dessus une chemise beige. Les yeux mi-clos Adrienne manquait le détail le plus flagrant.

Les DouzeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant