Albarath ouvrit la porte de la calèche d'un geste brusque, cachant Merychel derrière lui. Il inspecta l'intérieur du véhicule avec minutie avant d'y tirer Merychel qui s'assit à côté du livre. Le regard paniqué, le sorcier serrait sa cloche à la ceinture. Ses lèvres tremblaient tandis qu'une question le démangeait. La main d'Albarath sur le manche de son épée ne répondait qu'à moitié à sa question. Et le sorcier déglutit en repensant à la description de l'individu.
Les yeux d'Albarath vacillaient entre les deux portières, se préparant à tout instant à ce qu'un intrus ouvre l'une des deux. Il laissa échapper un souffle de surprise, lorsque la silhouette en manteau noire d'Irimel apparut sur le chemin. Son regard se porta sur sa main, contrastant avec celle de sa cousine à la peau claire, qu'Irimel tenait fermement. Il l'interrogea du regard.
—J'ai eu un problème. commença Irimel.
Il lâcha la main d'Adrienne et des plumes dessinèrent des triangles noirs sur ses joues et son front. Ses yeux rouges et luisants de retour, Merychel et Albarath tressaillirent.
—Monte dans la calèche, lui ordonna le prince.
Ils se hâtèrent de monter, Adrienne à côté de Merychel, Irimel près d'Albarath. Une fois en place, le prince cogna la paroi et la calèche remua, les roues grincèrent et le paysage de calèches colorées défila à travers les vitres.
La tête dans ses mains, Albarath soupira.
—Tu aurais dû me le dire qu'elles revenaient. Je ne t'aurai pas emmené.
—C'est exactement la raison pour laquelle je n'ai rien dit. lacha Irimel en s'affalant dans sa banquette, les bras croisés. Je ne voulais pas t'abandonner et de toute façon elles reviennent rarement, personne ne m'a vu.
Sa chevelure plaquée contre la paroi de la calèche, de longues plumes en dépassaient telle les pointes d'une couronne. Il gratta ses cheveux sous le regard furieux du prince.
—Si quelqu'un t'avait vu, ça aurait été une catastrophe ! Tu as pris des risques considérables !
—Et j'ai aussi pris des précautions !
Les plumes fines du cou et des joues d'Irimel ondulèrent comme si sa peau était parcourue par la chair de poule.
—Est ce que l'homme sur le toit.. est venu pour moi ? demanda Merychel d'une voix tremblante.
Ses compères cessèrent de se toiser et se tournèrent vers lui.
—Le type en noir, pas le barde, précisa Merychel.
—C'est possible, dit Albarath.
—C'est sûr, ajouta Irimel d'un ton sec. On aurait dû partir à ton château directement, comme l'a dit mon père !
Albarath pointa le livre, calé contre Merychel.
—C'était notre seule occasion d'obtenir ce livre !
—Qu'est ce qui compte le plus ? s'écria Irimel. Ton remède ou nos vies ?
—Les deux comptent infiniment pour moi.
La détermination dans son regard ne vacillait pas et ses mots sonnaient d'autant plus vrais. Mais Irimel le fixait toujours en fronçant les sourcils, le triangle de plume sur son front soulignait ses yeux rouges et sévères.
—Vraiment ? Il n'y en a pas un qui passe devant l'autre ? cracha-t-il.
—Je ne laisserai personne toucher Merychel si c'est ce que tu insinues !
—De grâce calmez vous !
Adrienne leur pointa Merychel du regard.
Le sorcier tremblait, les yeux exorbités, il serrait sa cloche avec une telle force que le métal doré rentrait dans ses doigts. Les voix de ses compères n'avaient fait que renforcer ses craintes et son cœur tambourinait dans sa poitrine.
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Les Douze
FantasyUn siècle que plus une âme ne ment en Atleia. Car mentir revient à briser l'une des Douze et quiconque y déroge est damné à se transformer en démon. Malgré tous les efforts mis en place par la Couronne et l'Eglise pour organiser le pays autour des...