Chapitre 2 [2/2]

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Albarath secoua ses mains poussiéreuses et déposa le marteau à côté de son manteau plié. Des planches renforçaient maintenant la trappe de la cave, derrière laquelle il avait enfermé Irimel. La gorge nouée, Albarath ne put retenir un sanglot discret. Cette trappe clouée, n'avait rien d'une porte, il venait de fermer le cercueil de son frère.

Il s'accroupit dans la terre sèche de la grange alors qu'il sentait ses jambes se dérober. Le mugissement des feuillages et la planche branlante qui claquait, résonnaient dans sa tête, comme une lamentation sinistre.

—Quel plan tu t'es mis en tête avec Merychel ? demanda la voix d'Irimel à travers la trappe.

Avachi dans l'escalier de la cave, dans l'obscurité totale, Irimel tendait l'oreille.

Albarath essuya ses joues humides et souffla pour reprendre ses esprits.

—Ôtes moi d'un doute. Tu lui as dit de s'enfuir ?

—Evidemment. Tu connais ma mère, elle démonterait cette porte juste pour me voir. Hors de question que je la blesse !

Le prince leva les yeux au ciel.

—C'était ta seule chance !

—Comment ça ma seule chance ? C'était ça ton nouveau plan ? L'envoyer chez mes parents leur annoncer mon état en espérant que leurs larmes lui donneront l'idée du siècle ?

Albarath prit un instant avant de répondre.

—Ça peut paraître cruel. Mais si ça marche..

—Tu aurais dû le laisser rester ici ! Pourquoi insister autant pour qu'il parte ? Le pauvre ne sait pas ce qu'il doit faire !

Le prince laissa échapper un soupir et s'asseyant contre le mur de la grange, les planches grises dans le dos. Il dévisageait la trappe d'un air attristé.

—Si il était resté, il n'y aurait aucune chance. Merychel est ton seul espoir et ce n'est pas en traînant ici qu'il pourra agir. J'ai foi en lui.

Dans la cave, Irimel écoutait en silence en arrachant des plumes de son torse qu'il regroupait en une boule duveteuse dans la paume de sa main. Avant de les lâcher, imaginant un nuage de plumes noires se déverser sur les marches.

—Je me doutais que tu lui dirais de fuir, ajouta Albarath. Je lui ai donné mon sceau, il n'osera jamais quitter le pays avec ça dans sa poche.

—T'es vraiment le pire, cracha Irimel.

—Tu aurais fait pareil pour moi.

—Je n'ai pas de sceau.

Albarath pencha sa tête, pensant apercevoir du mouvement, mais il n'y avait que les branches craquants sous la brise. Henson n'était toujours pas revenu, ni Merychel. Il avait envoyé le vieux cocher déposer un avis de recherche juste après le départ du sorcier.

—Bon. commença la voix derrière la trappe. Tu t'imagines peut-être l'impossible en t'accrochant à un espoir infime mais moi je n'y crois pas. Il me reste peu de temps et je compte en profiter. Tu vas tout me dire.

Le prince remua, se replaçant dans une posture plus confortable, son dos le tiraillait déjà.

—T'ai-je déjà caché quelque chose ?

Il entendit pouffer derrière la trappe.

—Le fait que tu me le demande sous forme de question, prouve que tu mentirais si tu disais ne rien me cacher. Je connais tes méthodes.

—Un prince a ses secrets.

Irimel ne pouvait pas voir le sourire en coin d'Albarath mais il le devina à son ton.

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