Devant la porte de la réserve, Adrienne entendit Albarath éternuer et se moucher. Mais trop gênée pour y retourner dans l'immédiat, elle se promena dans le couloir. Espérant dissiper la honte qui la submergeait. Albarath doit me prendre une dépravée. Elle grimaça en se remémorant son sourire alors qu'il lui montrait le livre. Tête baissée, elle avança dans le couloir et arriva à la passerelle, mais elle n'était pas seule.
—Qu'est ce que tu fais en dehors de la réserve ? T'es pas censé chercher un livre ? demanda Irimel.
Adrienne scruta les environs, Tenacy n'était pas là. Elle se redressa, les mains jointes sous sa poitrine.
—Et vous ? Que faites vous seul loin de Tenacy ? Ne deviez vous pas la distraire ?
Il soupira à l'instant où elle prononça "vous". Il avait déjà oublié son vouvoiement.
Un cri déchira l'ambiance joyeuse du bal. Les pas des danseurs se transformèrent en un vacarme désorganisé et la musique en une cacophonie de voix paniquées.
—Mademoiselle de Clusette ! Une de vos invitées a fait un malaise ! s'écria un noble.
—Laissez la respirer ! répondit la voix de Tenacy.
Attiré par le vacarme, Irimel voulut pencher sa tête par-dessus la rambarde mais il se figea dans son mouvement. Des sueurs froides le parcouraient.
—Les plumes.. murmura Adrienne.
Il n'eut pas le temps de vérifier par lui-même, qu'il entendit quelqu'un monter l'escalier. Adrienne se hâta de retirer un gant mais Irimel bondit vers la porte la plus proche. Elle le poursuivit et saisit sa main alors qu'il ouvrait la porte en grand. Adrienne s'y faufila avec lui et lâcha sa main qu'une fois à l'intérieur.
Tout les deux collés à la porte, ils écoutèrent avec attention les pas qui semblaient s'être arrêtés dans le couloir. Adrienne scruta les alentours et son estomac se noua quand elle aperçut le lit à baldaquin, la coiffeuse, les peintures de couples au bord de l'eau, le bureau et les étagères. Une chambre de femme. Celle de Tenacy ?
—Vous auriez pu vous cacher dans la réserve ! Vous n'avez pas honte de vous cacher dans la chambre d'une dame ? marmonna Adrienne.
—Je pensais que c'était la porte de la réserve ! Vous n'aviez qu'à ne pas me suivre ! rétorqua Irimel d'un murmure sec.
Ils se fixèrent un instant, en silence, avant de détourner le regard.
Alors que leur échange rappelait à Adrienne les disputes entre ses sœurs jumelles durant leur enfance. Irimel ne pouvait s'empêcher de le comparer à des souvenirs amers de l'internat.
Ils soufflèrent à l'unisson face au même constat.
Pires que des enfants.
Embarrassée, Adrienne se pinça les lèvres avant de se tourner vers Irimel. Plus grand qu'elle d'une tête de plus, elle ne voyait que sa chevelure d'ébène, dans laquelle elle fut rassurée de ne pas apercevoir de plumes.
—Je n'allais pas vous laisser seul avec vos plumes...murmura-t-elle.
Irimel lui jeta un bref coup d'œil avant d'entendre le son étouffé de la musique qui reprenait à travers la porte. Il tendit l'oreille et devina les pas des danseurs sur le parquet. Difficile de percevoir si quelqu'un se tenait dans le couloir mais il était évident que le chaos dans le salon s'était apaisé et que le bal avait repris son cours.
Il reporta son attention sur Adrienne qui fixait la porte en silence.
—Comment se passe la recherche du livre ?
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Les Douze
FantasyUn siècle que plus une âme ne ment en Atleia. Car mentir revient à briser l'une des Douze et quiconque y déroge est damné à se transformer en démon. Malgré tous les efforts mis en place par la Couronne et l'Eglise pour organiser le pays autour des...