Dans le couloir du salon de Selyne, les deux portes étaient toujours ouvertes et un silence plat régnait. Merychel et Tenacy se tenaient juste à l'entrée de l'escalier.
—Le rideau est au fond dans une petite pièce avec une peinture de Sainte Adrienne, murmura Tenacy. La porte a été forcée, tu la reconnaîtra aisément.
Merychel opina.
—Reste là, chuchota-t-il en la tournant face à l'escalier. Et surtout ne bouge pas. Assure toi que personne n'accède à ce couloir. Quoiqu'il arrive ne te retourne pas.
—Bien sur votre Altesse.
A son murmure moqueur, elle joignit une courbette exagérée.
Merychel s'élança dans le couloir. En passant devant le salon de Selyne, il jura sentir le poids de son regard mais il ne s'arrêta pas et continua jusqu'à trouver la porte forcée.
Après le salon de Selyne, le couloir bifurquait et se terminait sur une porte dont la poignée semblait avoir été arrachée. Merychel s'y engouffra à pas feutré.
Des bancs et un tableau d'une femme en robe blanche armée d'une croix dorée l'accueillirent et surtout, un rideau pourpre au fond de la pièce. Il s'en approcha avec précaution.
—Irimel ?
Le rideau remua.
—T'es seul ? murmura le rideau.
—Oui.
—Il n'y a pas Adrienne ?
Merychel eut un peu honte de cette question mais répondit dans un murmure.
—Non, mais je sais où elle est.
—Je peux pas sortir sans elle.
Doucement, Merychel tira le rideau et y jeta un coup d'œil. Un plumage d'ébène recouvrait Irimel.
—Elles ne partent plus ? demanda Merychel.
Irimel grogna.
—La présence de Selyne suffit à me rendre nerveux.. Je n'ai aucune échappatoire, si elle pouvait marcher je serais cuit !
"Une plume et Sermethril sera ta tombe." Après avoir vu Selyne décorer son plafond d'orbes lumineux, les mots d'Adrienne prenaient un véritable sens.
—T'as essayé de fermer les portes de son salon ? demanda Merychel.
—Oui mais cette hystérique hurle et projette son don dans le couloir. Elle sait que c'est moi, je crois que ça l'amuse de me coincer ici...
Merychel grimaça en imaginant la scène farfelue.
—Allons, Selyne ne peut pas être une si mauvaise personne.
Irimel le toisa de ses yeux rouges et luisants, comme s'il venait de l'insulter. Gêné, Merychel se hâta de retirer son manteau en cuir et le plaça sur la tête d'Irimel. Exactement comme avait fait Albarath à Ventbarg.
—Cache-toi dessous, je vais parler à Selyne et la distraire pour que tu puisses passer. Tenacy surveille le couloir, je lui ai ordonné de ne pas bouger.
—Tu accordes bien trop de confiance à cette baronne.
Irimel remua sous le manteau, laissant une flopée de petites plumes noires tomber.
—Pas loin de Tenacy, tu pourras te cacher derrière d'autres rideaux.
—Je suis bon qu'à me cacher...
Bien que bougon, Irimel le suivit en silence, s'assurant de maintenir le manteau en place. Ils s'arrêtèrent juste avant les portes du salon, en apercevant Tenacy au bout du couloir Irimel eut une once d'espoir. Elle se tenait toujours face à l'escalier, montrant seulement son dos.
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Les Douze
FantasyUn siècle que plus une âme ne ment en Atleia. Car mentir revient à briser l'une des Douze et quiconque y déroge est damné à se transformer en démon. Malgré tous les efforts mis en place par la Couronne et l'Eglise pour organiser le pays autour des...