Chapitre 10 [2/6]

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Dans le couloir du troisième étage, de longs rideaux blancs encadraient les fenêtres d'où émanait une douce lueur. Proches de l'escalier, deux grandes portes aux motifs de lilas ouvraient la voie sur le salon de Selyne.

Les jumelles menèrent le groupe à ces portes et les invitèrent à y entrer.

Une pièce décorée de meubles raffinés où flottait un parfum de lavande se dévoila sous leurs yeux. Des canapés aux coussins pourpres et une table basse siégeaient en son centre. La jambe de la future marquise, enveloppée dans un tissu resserré avec des ceintures, prenait une grande partie de la table basse. Installée dans un canapé proche du piano, Selyne les observait de ses yeux bleu et les invita à s'asseoir d'un signe de main.

Les jumelles s'installèrent à côté de leur aînée, laissant les places de l'autre côté de la table basse pour les invités.

Tenacy s'empressa de s'asseoir au bout du canapé, toute souriante. Merychel la suivit, la gorge nouée alors que Selyne ne le lâchait pas des yeux, un sourire en coin. Elle ignora presque l'arrivée d'Irimel et Adrienne.

Une fois tous assis, Tenacy se redressa dans son canapé et adressa un sourire à Selyne.

—Comment vous portez-vous ?

Son regard se porta sur sa jambe et Selyne haussa les sourcils.

—Comme quelqu'un qui s'est cassé une jambe.

Elle ne fit pas attention au sourire gêné de Tenacy et fit un geste rapide de la main à Merychel. Confus face à ce mouvement, il resta muet, fixant sa main sans comprendre.

—Présente les ! ordonna Selyne.

—Voici Tenacy de Clusette, Irimel Tèlarime et ... Adrienne.

Selyne leva la main pour qu'il s'arrête là. Puis de sa main gauche elle fit apparaître la lueur du don qui baigna son salon d'une clarté immaculée. Contrairement à Adrienne qui faisait apparaître des rectangles qu'elle peinait à déplacer. Selyne fit apparaître non pas un mais plusieurs orbes luisants qui flottaient tels des étoiles dans son salon.

Irimel comprit enfin pourquoi Adrienne avait essayé de le prévenir. Un poids se forma dans son estomac alors qu'il réalisait ce qu'étaient réellement ces orbes de lumières pour lui. Des projectiles. Si Adrienne avait réussi à le jeter dans un étang, Selyne pourrait en faire bien plus avec chacun de ces orbes.

Nerveux, il fit glisser discrètement sa main vers Adrienne, caché derrière les pans de sa robe. Cette dernière enroula ses doigts autour des siens. Un maigre réconfort face à la menace qui flottait au-dessus de lui.

—Le thé ne devrait pas tarder ! déclara Hadronyme.

Dans un long soupir d'ennui, Selyne fit tournoyer le don dans sa main et les orbes effleurèrent leur tête. Lorsque l'une de ces sphères de lumière s'approcha d'Irimel, il recula, s'enfonçant dans le canapé.

—Vous ne risquez rien avec le don de Sermethril, le rassura Selyne. Vous pouvez passer votre tête dedans, vous ne sentirez rien.

Pour illustrer ses propos, elle en plaça une juste devant Irimel dont la clarté immaculée se reflétait dans ses yeux noisettes.

—Je préfère éviter, dit-il.

Selyne le fixa d'un air dubitatif et éloigna l'orbe d'un mouvement de main.

—Une croyance vrymoise je suppose. Je vais les garder loin de vous, vous m'excuserez vous êtes le premier vrymois que j'accueille dans mon salon. C'est amusant de voir un grand gaillard comme vous, avoir peur d'une petite lumière.

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