Chapitre 4 [2/2]

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La confusion submergeait l'esprit de Merychel. Il n'arrivait pas à retracer son chemin entre la cellule du château et cette herbe humide qui frottait ses joues. Une odeur de fleur omniprésente lui donnait la nausée et quelque chose de pâteux au-dessus de sa bouche le démangeait. Il y frotta du bout des doigts et essuya l'étrange mixture sur son pantalon. Puis il la remarqua, cette inconnue emmitouflée dans sa cape qui le fixait avec de grands yeux.

—Je suis tellement désolée, murmura-t-elle. Êtes vous blessé ?

—Euh..

Merychel jeta un coup d'œil à la charrette renversée et se leva en chancelant. Il balaya les environs de ses yeux noirs. Les alentours étaient à peine perceptibles mais à la vue du ciel il devina qu'il était l'aurore.

Merychel serra sa cloche et réalisa qu'aucun lien ne le retenait, il avait été libéré. Il reporta son attention sur l'inconnue, elle avait certainement des réponses.

—Bonjour !

Elle inclina légèrement la tête.

—Bonjour.

Elle avait répondu dans un murmure.

Face à cette rencontre insolite, ni l'un ni l'autre ne savait que dire, ils échangèrent des regards embarrassés. Se mordillant les lèvres en attendant que l'autre parle.

—Qu'est ce que je fais là ? demanda Merychel.

—Vous dormiez, je vous ai réveillé avec ceci.

Elle s'approcha, sa bourse ouverte dans la paume de sa main. Merychel n'eut pas besoin d'en humer longtemps le contenu pour reconnaître l'odeur fleurie qui avait bercé son sommeil.

—Je reconnais l'odeur. Vous.. Vous êtes de l'Eglise ?

—Non.

Cette réponse retira un poids immense des épaules du sorcier.

—Vous m'avez sauvé ? dit-il en montrant ses poignets libres. Je vous dois la vie..

—De grâce ne vous emportez pas, vous étiez seulement endormi pas condamné à mort que je sache.

Il esquissa un sourire et s'avança sur le chemin terreux où il remarqua les chevaux et l'arbre qui avait bloqué la charrette.

—Combien de temps ai-je dormi ?

—Plus d'une journée c'est certain.

Il se précipita en panique vers les chevaux pour détacher celui avec la selle.

—Il faut que je parte !

—Rejoindre le prince ?

Il se figea dans son mouvement.

—Comment le savez-vous ?

—Vous avez son sceau.

—Vous m'avez fouillé.

Dissimulées par la pénombre, les joues de la jeune femmes rosirent.

—Je n'avais guère le choix...Et je vous demande pardon. Laissez-moi vous accompagner, je dois voir Albarath.

—Vous m'avez sauvé et je vous en suis éternellement reconnaissant. souffla Merychel. Mais là je suis dans une situation pressante..

Sa réponse fit tressaillir la jeune femme qui l'observa s'occuper du cheval avec appréhension. Devrai-je lui dire que je suis une fille de Sermethril ? Elle hésita, puis les voix des jardiniers resurgirent dans sa mémoire. Son existence restait trop méconnue du peuple. Les chances qu'il l'abandonne en découvrant son identité n'étaient pas des moindres.

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