Les Douze

Chapitre 11 [4/4]

Ils passèrent en trombe devant le garde et dévalèrent l'escalier. C'est seulement dans le couloir à l'étage en dessous que Merychel la libéra.

Le sorcier enfonça sa tête dans ses mains, ils en avaient trop dit. Mais entre la trahison du roi et les propos qu'ils avaient tenus, c'était la réaction d'Adrienne qui le troublait le plus. Il leva la tête vers elle, debout en haut de l'escalier menant au chœur, elle le fixait de ses yeux larmoyants.

—Qu'est ce qui t'a pris ? Tu veux sa mort sur la conscience ? Tu- Adrienne ?

Elle avait commencé à descendre l'escalier sans l'écouter. Lorsqu'il l'interpella, elle daigna se tourner vers lui.

—Irimel comprendra lui.

Merychel fronça les sourcils en comprenant.

—Irimel ? Non..Non il va le tuer..

Elle disparut dans l'escalier.

Le souffle coupé, un poids dans l'estomac, Merychel la poursuivit.

Leurs pas martelaient la pierre, résonnant dans un vacarme assourdissant. Sa jambe gauche endoloris, Merychel dévala les marches à toutes allures. Devant lui, le tissu rouge d'Adrienne flottait avec sa tresse. D'une main elle s'appuyait au mur et de l'autre elle retenait sa robe. Son souffle se mêlait au bruissement de ses vêtements.

Rapidement, la main de Merychel atteignit le bras d'Adrienne. Elle bascula en arrière, le repoussa et finit plaquée au mur. La corde de l'escalier lui rentrait dans le dos alors que Merychel la maintenait en place, la fixant avec effroi.

—Calme-toi !

Essoufflée, elle remua la tête dans la négative et des larmes coulèrent sur ses joues.

—J'en ai trop dit. C'est ma faute, c'est ma faute. Je ne veux pas que tu meures. Je ne veux pas voir Albarath mourir une seconde fois. De grâce..

Craignant de lui faire mal, Merychel relâcha son étreinte. Il l'attrapa par les bras et plongea son regard dans le sien. Jamais il n'avait vu une telle terreur dans les yeux d'Adrienne.

—Je vais trouver une solution. dit-il calmement. Tu l'as entendu, son assassin n'est pas capable de se battre, on a du temps !

Elle fit non de la tête en reniflant.

—On ne sait pas combien de temps au juste ! Cela pourrait être une semaine comme un jour... C'est ma faute..

—Chh..Je dois pouvoir trouver une solution, un sortilège de silence pourrait faire l'affaire.

—Vraiment ? murmura Adrienne d'une petite voix.

Ses sanglots s'apaisèrent mais son regard ne changea pas.

—Tu me le promets ? Aucun assassin ne sera envoyé à ta poursuite ?

Merychel hésita, avant de répondre dans un souffle.

—Je ne peux pas te le promettre mais je ferai tout mon possible pour l'éviter.

Sa réponse ébranla Adrienne. Il venait d'admettre qu'il n'avait pas de solution idéale. Qu'en cet instant, il ne connaissait pas un sortilège capable d'empêcher le roi de parler à son assassin. La respiration haletante, Adrienne dissimula sa panique en observant ses options. Laisser Merychel essayer de trouver un sortilège ou en parler à Irimel, condamnant son grand-père à l'occasion. Le tuer avant qu'il en parle à son assassin, protègerait Merychel. Mais quel monstre trahirait son grand-père mourant qui plus est ? Ses lèvres tremblèrent, partagée entre le regard inquiet de Merychel et le souvenir de la mare de sang où baignait son corps inerte.