La descente dans l'escalier lui rappela cette nuit silencieuse où elle avait porté Merychel avec l'aide de ses sœurs. Du moins la douleur dans son bras était similaire. Les dents serrées, Adrienne se retenait de gémir de douleur alors que le cuir de la ceinture cisaillait ses doigts et que le poids de l'ouvrage heurtait sa cuisse à chaque pas.
Elle laissa échapper un soupir de soulagement arrivée en bas. Albarath se chargea de relever le rideau vert, scrutant les alentours. Des groupes de nobles discutaient autour de la piste de danse où trois duo continuaient de danser, d'un pas calme. Le brouhaha de leur voix mêlés à la musique rassura Albarath sur leur chance de réussite. Il attira Adrienne vers lui et lui pointa une porte vert foncé de l'autre côté de la salle, derrière un buffet.
—Je ne vois ni Tenacy, ni Irimel. On va passer par la porte en face, c'est le couloir des serviteurs.
—Pourquoi pas la porte d'entrée ?
Il dévisagea la porte sur leur droite avec méfiance.
—Trop risqué. Tenacy pourrait nous y attendre,. Crois moi, elle est plus maline qu'elle en a l'air.
Adrienne n'eut pas le temps de le questionner qu'il la tira dans le salon. Albarath sur sa gauche, le livre sur sa droite. Personne ne pouvait deviner que le prince ne se promenait pas avec une prétendante mais qu'il sortait un livre de la réserve sans autorisation.
Sur la piste de danse, les robes flottaient et les bras s'entrelaçaient au rythme des murmures suaves du violon.
Albarath remarqua le regard perdu de sa cousine en direction des danseurs.
—Dans d'autres circonstances, je t'aurais invité à danser avec plaisir. chuchota Albarath.
Adrienne sentit ses joues s'embraser alors que sa tête remuait dans la négative.
—J'ai dansé avec chacune de tes sœurs, il ne manque que toi ! ajouta-t-il.
—Je ne sais pas danser.
—Tout s'apprend.
Elle sourit timidement en évitant son regard. Un jour, peut-être.
La porte du couloir des serviteurs n'était plus qu'à dix pas, bientôt ils seraient sortis de ce salon.
—Votre Altesse ! s'écria une voix d'homme.
Albarath fronça les sourcils en cherchant le coupable. Il laissa échapper un long soupir en apercevant le groupe de noble qui s'approchait en souriant. Celui qui l'avait interpellé avait la trentaine et arborait la moustache la plus raffinée du salon avec sa pointe bouclée.
—Je n'ai pas le temps.
Il accéléra le pas, tirant Adrienne avec lui. Mais le groupe s'interposa.
—La demoiselle de Jovanie a encore fait un malaise, continua le noble bavard.
Albarath serra les dents, difficile de repousser des nobles comme il l'aurait fait avec n'importe quel manant. Pas le choix.
Il se sépara d'Adrienne, et d'une main délicate il la poussa dans le dos en direction de la porte.
—Après la porte ça sera tout droit, murmura-t-il dans son oreille.
Adrienne échappa tout juste à la nuée de noble qui s'agglutinait autour d'Albarath. Elle resta sourde à leur conversation, fixant son objectif avec détermination. La porte des serviteurs, seulement cinq pas de plus. Elle scruta les environs et finit de progresser à grande enjambées. Elle esquissa un sourire en posant sa main sur la poignée qu'elle tourna pour s'engouffrer dans un couloir sombre et étroit.

VOUS LISEZ
Les Douze
FantasyUn siècle que plus une âme ne ment en Atleia. Car mentir revient à briser l'une des Douze et quiconque y déroge est damné à se transformer en démon. Malgré tous les efforts mis en place par la Couronne et l'Eglise pour organiser le pays autour des...