Chapitre 8 [1/5]

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Irimel et Albarath ne cessaient de marmonner et Merychel avait beau essayer de perdre son regard dans les alentours brumeux où la calèche progressait. Ce bourdonnement léger et incessant le crispait.

—De quoi parlez-vous ?

Albarath lui sourit sur la banquette en face.

—Ne t'inquiète pas.

A coté de lui, Irimel tapotait son manteau noir plié sur ses genoux en fixant le sorcier d'un regard sérieux.

—On disait juste que ton potentiel ravisseur pourrait te blesser aux genoux pour t'empêcher de fuir.

Albarath lui décocha un coup de coude.

—J'essaie seulement de le préparer au pire. ajouta Irimel en se tournant vers le sorcier. Tu sais, un bon coup de dague bien placé dans les genoux peut t'empêcher de marcher à vie.

Les yeux de Merychel s'arrondirent.

—Arrête ! s'exclama Albarath.

—Donc garde bien ta dague dans ta main et défends toi, conclut Irimel.

Le sorcier le fixa avec effroi et Adrienne vint poser une main sur son bras. Irimel ignora le regard noir que lui envoyait la jeune femme et croisa les bras d'un air assuré.

En voyant le regard de Merychel, Albarath contempla les environs à travers la vitre, cherchant l'inspiration pour changer de sujet. D'un côté le bois et de l'autre une plaine verdoyante. Le soleil était haut dans le ciel, mais les nuages demeuraient aussi nombreux que la veille et un paysage morne s'étendait autour d'eux. L'ombre du château d'Ostrigh était encore trop loin pour être visible.

Néanmoins, le regard du prince s'arrêta sur un élément familier, une tour grise au bord d'un grand lac. Il sourit à Adrienne.

—Je connais bien ce lac ! Nous y avons appris à nager avec Selyne, toi aussi Adrienne ?

Elle se pencha au-dessus de Merychel pour regarder par la vitre. Le lac s'étendait à perte de vue dans la brume au loin.

—Non, je n'ai jam-

Un sifflement perçant suivi d'un hurlement l'interrompit.

Tous tanguèrent dans leur siège alors que la calèche remuait et s'arrêtait dans un fracas sourd. La voix de Henson gronda.

—Ils ont abattu un cheval ! Deux hommes arrivent de la forêt !

Irimel et Albarath échangèrent un regard paniqué. Puis le prince saisit le bras du sorcier, ouvrit la portière d'un coup de pied et le tira à l'extérieur.

—La tour.

Irimel hocha la tête, en jetant son manteau sur la banquette.

—Albarath ? bégaya Merychel en atterrissant dans la terre.

Sans explications supplémentaires, Albarath le tira dans l'herbe verdoyante en direction de l'édifice. Moins de cinquante mètres les séparaient de la tour.

Une fois sorti de la calèche, Irimel les suivit, mais il jeta un rapide coup d'œil aux environs. Des sueurs froides le parcoururent alors que sa peau se tapissait du plumage d'ébène en découvrant la scène. L'un des chevaux gisait au sol, une flaque de sang sous la tête. Une flèche plantée dans l'œil.

En s'éloignant de la calèche, il détacha son regard du cheval et regarda en direction de la forêt, pour discerner les deux silhouettes noires qui les poursuivaient. C'est là qu'il l'aperçut.

Les chevilles trempées par l'herbe humides, Adrienne maintenait les pans de sa robe en hauteur mais peinait à tenir le rythme d'Irimel.

—Pourquoi t'es pas resté avec Henson ?

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