Un bosquet aux couleurs vibrantes s'étendait jusqu'au pied des murs immaculés du domaine de Sermethril ; sous l'éclat du soleil, le jardin semblait briller. Les yeux plissés, Merychel scrutait les lieux avec nervosité, imaginant son corps endormi transporté dans l'allée fleurie.
Le comportement des gardes à son égard chassa ses réflexions. A peine l'avaient-ils aperçu qu'ils s'étaient inclinés et immobilisés dans cette position.
Face aux deux hommes en armures blanches, Merychel prit une grande inspiration . C'était en tant qu'Albarath d'Ostrigh qu'il venait aujourd'hui. Un imposteur.
—Bonjour.
Les gardes se redressèrent à l'unisson.
—Votre Altesse !
Ne sachant que dire, Merychel les salua de la main.
—Je vais prévenir votre oncle ! déclara l'un des gardes.
Il s'élança dans l'allée de fleur dans un cliquetis de métal.
—C'est splendide ! s'extasia une voix féminine.
Au niveau de son épaule, Merychel reconnut la chevelure rousse de Tenacy dont le regard ébahi se perdait dans les fleurs du jardin.
Derrière eux, Irimel et Adrienne descendaient de la calèche. Ces derniers avaient attendu que Tenacy descende pour séparer leurs mains. Aucune plume ne recouvrait le cou et la mâchoire définie d'Irimel. Il demeurait parfaitement calme contrairement à Merychel qui frottait ses cheveux avec nervosité. Le regard tourné vers l'allée fleurie, Merychel effleura sa cloche à sa ceinture et s'y élança d'un pas maladroit, se répétant la même pensée.
On vole la relique et on part.
Un mélange de parfum fleuri inonda leurs narines alors qu'ils progressaient au milieu de buissons aux pétales éclatants. Tenacy ne se lassait pas de découvrir le jardin le plus somptueux du royaume et humait les fleurs qui longeaient le chemin de pavé.
Devant eux, le domaine de Sermethril se dessinait tel un manoir de brique blanche couronné d'une élégante toiture bleue dont un coin se terminait en une grande tour pointue. Pas besoin d'apercevoir la fenêtre aux vitraux colorés pour qu'Adrienne reconnaisse sa chambre. A sa droite, Irimel marchait d'un pas nonchalant, les mains dans les poches. Il scrutait l'unique tour en plissant les yeux, confus par le manque de symétrie.
La grande porte du domaine s'ouvrit devant eux et deux autres gardes s'inclinèrent en apercevant Merychel entrer dans le hall. Sans leur laisser le temps de souffler ou de discuter entre eux, la porte du bureau du marquis s'ouvrit et les gardes les invitèrent à y entrer.
Le bureau du marquis était vaste. De long tapis mauves couvraient le sol et des meubles d'un bois sombre et ciré longeaient les murs. Au fond deux grandes fenêtres illuminaient la paperasse de la table qui servait de bureau au marquis.
La silhouette robuste du marquis se dessinait à la clarté des fenêtres. Vêtu d'un pourpoint blanc, ses épaulettes pourpres laissaient tomber un tissu blanc dans son dos qui flottait avec ses pas.
—Albarath ! Votre visite m'emplit de joie !
Sa voix grave et grondante résonnait dans le bureau, crispant Merychel qui se retint d'attraper sa cloche. Derrière lui, Adrienne s'efforçait de paraître calme en découvrant le visage ridé du marquis pour la première fois. Plus que son apparence, c'était son humeur qui l'a surprise. Le marquis souriait et ses yeux bleu semblaient briller de joie ; jusqu'à ce qu'il dévisage Merychel.
Son sourire se déforma en une grimace.
—Votre regard a changé, dit-il d'un ton sérieux. Vous qui débordiez d'assurance et d'énergie, je ne perçois que fatigue et tristesse dans vos yeux.

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Les Douze
FantasyUn siècle que plus une âme ne ment en Atleia. Car mentir revient à briser l'une des Douze et quiconque y déroge est damné à se transformer en démon. Malgré tous les efforts mis en place par la Couronne et l'Eglise pour organiser le pays autour des...