Au sommet de la tour, Merychel s'était éloigné de la porte craignant que Perkins l'ouvre mais lorsqu'il entendit la voix d'Albarath, il s'y précipita. Avant de se figer.
Un homme en noir, avec une bourse de fioles à la ceinture, venait de grimper au sommet de la tour. Il fixait le sorcier d'un seul œil. L'autre n'était qu'un trou sanglant d'où une traînée de sang séché maculait sa joue. Malgré cette blessure fraîche, l'homme à la carrure robuste ne montrait aucun signe de souffrance et souriait en dévisageant Merychel.
—Pas plus grand qu'une femme, des yeux couleur encre et une peau aussi noire que le sable de l'enfer.
Il s'avança lentement vers le sorcier qui reculait alors que des coups secs commençaient à heurter la porte. Irimel ?
Un bijou scintillant se balançait à l'une des poches de l'inconnu. Merychel déglutit en reconnaissant cette croix ensanglantée, vacillant au bout d'une chaîne en argent. La croix de Mastel. L'inconnu sembla remarquer son regard.
—Belle tentative, mais je trouve toujours mes cibles.
Il ponctua ses mots en dégainant une dague.
Le cœur sur le point d'exploser, le sorcier chercha son poignard. Se remémorant les paroles d'Irimel dans la calèche, il le serra avec force et l'agita devant lui pour se défendre. Mais d'un coup sec, l'homme le désarma. La porte. Il se tourna vers son seul espoir.
Un froid intense transperça son ventre.
A cet instant le vacarme venant de la porte se transforma en un son lointain et les jambes de Merychel se dérobèrent. Mais l'homme le retint, croisa le regard paniqué du sorcier et le poignarda à nouveau, logeant l'acier gelé dans son bas ventre. Merychel se débattit et tenta de le repousser. En vain. La dague déchira son ventre à plusieurs reprises. Le corps du sorcier tremblait sous les coups. Le gilet maculé de sang, la respiration saccadée, il ne voyait plus ni n'entendait les appels derrière la porte.
Malgré le tonnerre brûlant qui ravageait ses entrailles, Merychel restait conscient. Suffisamment pour souhaiter que tout cesse.
Mais la lame continue sa danse et les coups s'enchaînent.
Lorsqu'Irimel réussit à forcer la porte, il la bouscula avec force et grimpa les marches menant à la plateforme, quatre par quatre. Ses plumes se hérissèrent en le découvrant.
Seul sous le ciel gris, couché dans une mare rouge, Merychel respirait avec difficulté, le gilet imbibé de sang. Sans hésiter Irimel se jeta à son chevet, rapidement suivi d'Adrienne.
—Il faut des bandages ! Prête moi ta robe !
A l'aide de son poignard, Irimel découpa des pans de la robe d'Adrienne. Cette dernière avait plaqué ses mains sur le ventre sanguinolent du sorcier, le dévisageant avec des yeux larmoyants.
Le seul qui ne se jeta pas à son chevet était Albarath. Il observait la scène, complètement dépité. La mare de sang qui s'étendait autour de son manteau suffisait pour comprendre son état. Il est condamné. J'ai échoué. Il avança d'un pas traînant, les yeux tournés vers le visage du sorcier. Malgré tout le sang perdu, il restait conscient et affichait une expression de terreur. Le remède. Le prince tomba à genoux dans la mare de sang. Irimel et Adrienne l'ignorèrent, toujours affairés à tenter d'arrêter le saignement. Une tâche aussi impossible que d'accepter la réalité. Merychel mourait. Aucun changement de plan ne pouvait remédier à cette situation. Il ne lui restait plus beaucoup de temps. Le gilet bleu clair du sorcier avait déteint en une couleur cramoisie, tout comme son manteau bleu marine s'était assombri. Même la cloche était tâchée de sang.
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Les Douze
FantasyUn siècle que plus une âme ne ment en Atleia. Car mentir revient à briser l'une des Douze et quiconque y déroge est damné à se transformer en démon. Malgré tous les efforts mis en place par la Couronne et l'Eglise pour organiser le pays autour des...