Chapitre 2 [1/2]

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Un rayon de soleil révélait la poussière dans l'air et éclairait les pages d'un livre. Assis à un bureau juste sous une fenêtre aux carreaux brunis, le sorcier avait entrepris de relire un passage de l'un de ses ouvrages favoris. Un grimoire dont les paragraphes à l'encre noire remplissaient les pages jaunies. A côté de lui, une pile de livres épais aux couvertures de cuir s'érigeait en une tour dont l'ombre s'étendait sur le plancher poussiéreux.

Un coin idéal pour la lecture, du moins presque. Car à intervalle régulier, gloussement, rires et chamailleries brisaient ce silence si précieux. Derrière Merychel, trois lits et sur l'un d'eux, deux garnements s'amusaient en riant aux éclats. La nouvelle trouvaille d'Irimel faisait fureur. Son bras gonflé et coincé dans une attelle de chiffon et de morceaux de bois ne l'avait pas empêché de chercher de quoi s'amuser. Et lorsqu'il avait trouvé un vieux jeu de carte dans le fond d'un tiroir. Il s'était empressé de le présenter à Albarath.

Ainsi, tout deux s'étaient retrouvés sur le lit, cartes à la main, à essayer de comprendre les règles de ce jeu ancien.

Irimel plaça une carte aux bord effrités sur le drap et pointa les dessins de navires.

—Ça fait quatre caravelles. Tu me dois deux billes.

Ils avaient sorti la bourse des billes ensorcelés et s'en servaient comme monnaie. Une pratique que Merychel avait jugé peu sérieuse.

Albarath contempla la carte en grattant la manche de sa chemise. Il déposa deux billes dans le petit tas qu'Irimel avait réussit à rassembler au fil du jeu et dévisagea sa main avec appréhension.

—Je n'ai pas de caravelle. J'ai des pièces.

—Tu pioches.

Albarath leva les yeux au ciel avant de retirer une carte de la pioche.

—Attends, c'est quoi ça ?

Il montra sa carte à Irimel qui sembla soucieux.

—C'est une baleine.. Pourquoi il y a une baleine ? On dirait qu'il y a deux jeux de carte mélangés. Les règles ne font aucun sens.

—Nous n'avons qu'à les changer.

—Tu ne peux pas changer les règles comme bon te semble !

—Pourquoi pas ? Petit décret et je déclare que la baleine fait partie du jeu.

Ils échangèrent un regard sérieux avant de rire aux éclats. Les grincements du lits et les billes s'entrechoquant extirpèrent un soupire lassé de Merychel. Il se retourna vers eux, les foudroyant de ses yeux noirs.

—J'essaie de me concentrer ! protesta Merychel. Et vous n'arrêtez pas de jouer avec ces cartes.

Ils se figèrent, un grand sourire aux lèvres.

—C'est plus compliqué qu'un simple jeu de carte, se défendit Irimel. C'est plus profond. Tu devrais venir jouer.

Albaraht opinait avec vivacité.

—Je ne viendrai pas jouer. Donc je vous prie de faire moins de bruit ou de sortir !

Un grand soleil illuminait la place à la sortie de l'auberge où une foule bruyante circulait. Albarath sortit en premier, son manteau bleu sur les épaules, il passa sa main dans ses cheveux courts et balaya les environs d'un sourire assuré. A son oreille, un petit anneau doré brillait du même éclat que les babioles attachées aux broches de son manteau,qu'il avait accumulées au fil des années.

Irimel le rejoignit à son tour, il lui avait fallu plus de temps pour enfiler son manteau noir, l'atelle ne rendait pas son bras plus simple à manipuler. Contrairement à Albarath il ne portait aucun bijou et son manteau restait sobre. Ses cheveux d'ébènes légèrement ondulés, frôlaient ses épaules.

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