Chapitre 9 [2/4]

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Devant le manoir de Clusette, la calèche verte pastel de Tenacy était prête à partir. Sa servante vrymoise y monta en prenant soin de relever les pans de sa robe bleue. Une fois installée, elle s'apprêta à ordonner le départ quand la portière se rouvrit brusquement.

Un homme mince au visage pâle et fatigué vêtu d'une chemise ample y grimpa en titubant. Son bras droit ballant ne lui était d'aucune utilité et l'homme redoublait d'effort pour ne pas heurter la servante dans ses mouvements maladroits. Une fois assis, il sourit à la servante tétanisée.

—Par tous les dieux, qui êtes vous ?! s'écria-t-elle.

L'inconnu inclina sa tête.

—Pardon. Bonjour et désolé. Mastel Perledane. Je réquisitionne cette calèche.

Quatre jours plus tôt.

Le ciel commençait tout juste à s'éclaircir d'un bleu turquoise, lorsque la calèche royale s'engagea sur la route en direction de Ventbarg. A l'intérieur de la calèche, éclairés seulement par une lanterne, les trois compagnons d'infortune discernaient avec difficulté le visage de celui qui détenait leurs vies entre ses mains.

Face à cette expérience nouvelle, Mastel s'était efforcé de paraître sévère et prenait une voix autoritaire à chaque fois qu'il s'adressait à ses nouveaux compères. La lanterne sur ses genoux, sa cotte de maille sans manche scintillait à la lueur de la bougie alors que ses yeux marrons se baladaient sur ses compagnons. Il posa la lanterne entre les banquettes, fouilla l'une de ses poches et sortit trois objets brillants qu'il plaça dans sa paume.

—Je sais à quel point cela peut être frustrant pour un sorcier, alors je vous les rends dès maintenant.

Il balada son regard sur le trio avec méfiance, une jeune femme en pantalon, un prêtre à la peau noire et un roux mal rasé.

—Mais attention, n'essayez pas de me lancer de sort, j'ai été prêtre matrimonial pendant sept ans, je le verrai. poursuivit Mastel.

Ils hochèrent la tête et les doigts pâles de la jeune femme saisirent la cloche en argent qu'elle fourra dans sa poche.

—A qui appartient la toute petite cloche de débutant ? se moqua-t-elle.

Elle pointait une petite cloche en cuivre, aussi grosse qu'une prune. Assis à côté de Mastel, le roux soupira.

—C'est la mienne, je suis nouveau prêtre-berceur depuis deux mois.

En se penchant, il heurta Mastel avec sa mandoline qu'il portait dans son dos. Finalement il ne restait qu'une cloche dorée dans la main de Mastel qui regarda le dernier.

—Nous avons la même vous et moi, dit Mastel.

Le vrymois en robe noire la récupéra en souriant.

—Ce sont les plus communes !

—Si vous avez été prêtre-matrimonial pendant sept ans, combien de temps avez -vous été garde ? demanda la jeune femme.

A côté du prêtre, elle croisait les jambes et toisait Mastel de ses yeux verts pâles.

—Quelques mois. répondit Mastel.

—Vous savez vous battre ? demanda le prêtre.

Mastel se redressa dans son siège et bomba le torse.

—Oui ! Un peu. Je vous rappelle que vous en prendre à moi finira par vous retomber dessus.

Le barde à côté de lui remua nerveusement.

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