Imagine

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Je suis au milieu d'une route, en plein milieu de la nuit. Je sais que personne ne passera à cette heure.

La nuit est noir, avec des reflets bleus foncées. Mélancolie cruelle. Les étoiles présentes se voient à peine, n'ayant plus la force de briller de toutes leurs grâces.

Mes mains sur mon visage.

- Pourquoi ?

Mon murmure s'élevant dans la pénombre de la nuit. Une pluie fine s'abat sur moi depuis quelques minutes mais ça ne fait rien.

Mes mains glissent lentement pour finir paumes à plat contre le sol. Mes yeux s'ouvrent. La forêt entoure la route, il n'y a pas de bruit. J'essaie de ne pas y penser beaucoup, parce que je suis terrifiée à l'idée que quelques choses s'y cachent.

J'entends au loin un grincement de pneu sur le bitume mais je ne bouge pas. Pensant l'avoir imaginé. Comme tout.

L'imagination est une qualité comme un défaut. Il faut savoir s'en servir. Ce qui malheureusement m'a échappé. Je me suis convaincue que tout allait bien, que le pardon peut être autorisé plusieurs fois. Et grâce à l'imagination, je me suis cachée. Je me suis imaginée que tout allait bien.

C'est bête. Tout va bien et du jour au lendemain, il n'y a plus rien.

J'entends un vrombissement et le bruit d'une voiture. Elle approche rapidement.
Est-elle pressée ?
Cela doit être grave pour qu'elle vienne au beau milieu de la nuit. Qu'elle heure est-il, peut-être deux heures ou trois.

Je ne sais plus.

La voiture roule sûrement rapidement mais c'est son chauffeur qui est réellement pressé. Je pense qu'il va voir un de ses proches après tout qu'est ce qu'il y a de plus important que ses proches ?

Elle tourne sur la route où je me trouve.

Ma voiture est éclairée ? Je ne sais plus.
Je ne prends pas la peine de tourner la tête. Parce qu'elle est éteinte. Est ce triste de décrire à quel point elle aurait pu venir en aide à ses étoiles, qui peinent à briller, où elles auraient pu se refléter ? Mais elle les a laissé tomber.

La voiture approche, le vent est inexistant. La pluie est un peu plus forte comme si elle souhaitait se réveiller.

Me réveiller.

A mon grand étonnement. La voiture se gare. J'entends une portière claquée.
Des pas s'approchent et quelqu'un se glisse près de moi.

La personne ne brise pas le silence. Ce silence persistant.
Elle attend patiemment. Essaye t-elle de trouver ses mots ? Peut-être.

C'est intéressant de voir à quel point chaque moment est fait de possibilités multiples. C'est comme si tout dépendait d'une seule réponse qui choisit mène à une autre réponse sachant qu'elle était un des chemins qui mène à Rome parmi plusieurs.

- Aura...

C'est mon prénom, choisi par ma mère. Il n'a aucune signification simplement l'amour de ma mère quand elle m'en a fait cadeau. Je l'ai toujours aimé, je ne sais pas pourquoi.

- Aura...

C'est drôle, la manière dont il le prononce, cela me fait penser à la manière dont les veufs et les veuves s'adressent parfois à leur moitié disparu.
Pourtant je suis toujours là.

Neven...

- Je suis désolée... Je n'aurai jamais dû, mais il faut que tu le comprennes c'était pour ton bien.

Neven...

- Aura, écoute je t'en prie. Pardonne moi...

C'est intéressant, le fait que parfois le cœur et le cerveau ne soit pas d'accord.

Une larme roule sur ma joue. Puis une autre.

Faible, ne te souviens tu donc pas tout ce dont je t'ai appris ?

Oh maman, si tu voyais comment les étoiles ne brillent plus autant. Si tu voyais comment le ciel est devenu sombre.

Mon prénom est Aura. Écrit de la même manière qu'une aura. Mais le mien n'a pas de signification. J'imagine que mon existence doit lui en donner une différente.

- Neven... Ton nom signifie ciel.

- Je t'en prie...

- J'ai toujours rêvé de voir des aurores boréales... Pas toi ?

C'est comme si, quand il fait nuit, tout est au ralenti. Je trouve ça magnifique.

- Dis moi...

Je ferme les yeux et pousse sur mes bras pour me relever ainsi qu'à l'aide de mes jambes. Je me retrouve alors debout. Je peux dire que quand on est allongée tout nous paraît moins...

Moins.

Il se lève à ma suite. Je suis dos à lui.
Il a l'occasion rêvé de me planter un couteau dans le dos au sens figuré bien sûr mais serait-il capable de le faire au sens propre ?

Je ne sais pas, je ne sais plus.

- Tu veux mon bien, Neven ?

- Oui.

- Tu veux que je te pardonne, Neven ?

- Oui.

- C'est fait, Neven, je te pardonne et je vais aller bien.

- Aura...

Est ce si simple ? Quand on décide d'écouter notre cerveau plutôt que note cœur.

- C'est fini, Neven...

- Aura...

- Je vais aller mieux. Loin de toi.
C'est fini.

Je ne pense pas. La souffrance est malgré tout, toujours là.

Je marche jusqu'à ma voiture comme si chaque pas que je faisais était plus lourd que celui d'avant. Les étoiles brillent tout aussi faiblement mais j'ai l'impression de les emmener avec moi.

- Aura, je t'en prie...

Je me tourne pour voir ses yeux clairs une dernière fois. C'est amusant, la première fois que je les ai rencontré, je me suis dit, comment peut on mentir en ayant des yeux aussi transparents ?
La vérité se lirait forcément à travers.

Quelle stupide naïveté.

- Je vais aller bien désormais mais sans toi.

Sans toi...

Je hoche la tête comme pour approuver mes dires et ouvre ma portière et avant de rentrer dedans je dis une dernière chose.

- C'est surprenant, comme dans le plus clair des ciels la plus présente des auras n'a pas sa place.

Je rentre dans ma voiture et ferme la portière. Je démarre.

Ne le regarde pas.

Plus jamais.

Je sais qu'il se tient debout, sa veste en cuir noir sûrement trempée comme l'état de mes vêtements.

Mais ce n'est pas mes affaires, ce ne sera plus jamais les miennes.

Puisque tout est fini, plus de pardon, plus de malheur.

Tout. Est. Fini.

****

J'espère que cet imagine vous a plu ! Il est complètement différent de ce que je fais d'habitude mais j'avais envie de changer un peu !
N'hésitez pas à me faire un retour !

Bye mes chocos 🍫 💕.



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