CHAPITRE 31 - Lowen

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Nos pas résonnent dans le hall d'entrée au fur et à mesure que nous avançons pour rejoindre les parents de Viral. L'homme qui nous escorte ne pipe pas un mot, il se contente de marcher en silence. Charmant. La seule chose qui crée un peu de chaleur ici, c'est la main de Viral qui accroche fermement la mienne.

Nous débouchons sur une grande salle où trône une énorme table en bois tout en long. Digne des films. La pièce est vide, seuls quelques tableaux de mauvais goût décorent les murs. Si Viral a grandi ici, je comprends qu'elle soit partie, on se croirait dans un film d'horreur. Ça ne ressemble en rien à un foyer où vit une famille. Ou alors, il s'agit de la famille Addams.

– Attendez ici, je préviens monsieur que vous êtes arrivés.

Je le regarde s'éloigner en me retenant de rire puis je me lâche quand il est hors de ma vue. Cette façon de parler si guindée m'amuse beaucoup.

– Waouh. Monsieur ? Sérieux ?

– Ouais. Mon père exige cette formalité...

– Oui ah bien qu'il ne s'attende pas à ce que je le respecte s'il n'en fait pas de même avec toi.

– Et c'est ça que j'apprécie chez toi.

Elle pose une main sur mon torse et m'embrasse chastement en se mettant sur la pointe des pieds au moment où une femme entre dans la pièce. La ressemblance avec Viral est frappante, c'est certainement sa mère. Elle se précipite sur Viral et la prend dans ses bras, comme le ferait n'importe quelle maman. Mais je sais que ce n'est pas habituel au manque de réaction de Viral et à son air surpris.

– Je dois absolument te parler.

– Quoi ? Pourquoi ?

Viral me cherche des yeux pendant que les miens fixent le dos de cette femme. Curieux bonjour.

– Je dois te parler. Mais pas ici.

Quand des pas pressés commencent à se faire entendre, la mère de Viral s'écarte vivement de sa fille comme si un câlin était interdit et prend un air angoissé.

Je détaille cette femme dont je ne connais même pas le nom. Elle est fine, très fine, rien à voir avec Viral et ses formes. Son visage est anguleux, encadré par de longs cheveux châtains, et je croirais voir les yeux de Viral dans les siens. Cette femme a l'air fatiguée, malheureuse. Encore plus quand son mari entre dans la pièce, elle se ratatine instantanément. Lui est exactement le même homme que sur les photos que j'ai pu voir. Un costume bleu marine, des cheveux grisonnants, assez grand, il est le cliché de l'homme politique. Son arrivée paralyse tout le monde, sauf moi.

– Bonjour, Vicky.

– Papa.

Elle se contente d'un signe de tête, pas d'accolade, rien. En même temps, je sais qu'elle a horreur de son prénom, ça ne doit pas aider. Son père la toise de façon hautaine, comme si le jean et le sweat de Viral n'étaient pas une tenue convenable. Moi, je la trouve belle. Au diable, ces convenances à la con.

Le gouverneur m'ignore, il ne me salue même pas.

– Et je peux savoir qui t'a permis d'amener ta distraction ?

Il vient de me traiter de distraction ou je rêve ? Je ne vais pas réussir à tenir ma langue longtemps s'il commence comme ça. Heureusement pour moi, Viral me calme en posant sa main sur mon avant-bras.

– C'est mon copain, papa.

– Bien sûr. On en reparlera plus tard. Asseyez-vous.

Bien sûr. L'art et la manière de dire un « ferme ta gueule, j'ai raison » de manière polie. Mais Viral ne me laisse pas le temps de l'insulter qu'elle me tire jusqu'à deux chaises où nous nous installons, côte à côte, le gouverneur et sa femme en face de nous. Viral serre fort ma main, qu'elle vient d'attraper sous la table, mais mon regard reste fixé sur son abruti de père. Il croit tout savoir, alors qu'il ne sait même pas à quel point sa fille est talentueuse et ne sait pas rendre sa famille heureuse.

Play My Game - TERMINÉ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant