CHAPITRE 19 - Lowen

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Le sac posé près du lit de l'hôtel, je me prends la tête entre les mains. Il m'a fallu deux longues heures pour réunir tout l'argent en espèce, mais j'y suis arrivé. J'ai passé quelques coups de fil, ça n'a pas été facile, mais personne n'a rien demandé quant aux raisons qui me poussent à faire ce retrait et c'est très bien comme ça. Je pense n'avoir jamais vu autant de billets d'un coup et ça ne fait que se rajouter à l'angoisse de la situation.

En rejoignant à l'hotel, je pensais trouver Viral dans la chambre, mais ce n'est pas le cas. Elle n'a fait que laisser un mot pour m'informer qu'elle reviendrait d'ici une heure, sans même me dire où elle est allé. Et en vue de la situation dans laquelle nous sommes, j'aurais préféré savoir. On ne sait jamais ce qui peut arriver.

Nous sommes censés rentrer demain, avec ou sans Hunter. J'espère juste pour elle qu'elle ne va pas le retrouver en trop mauvais état. Je commence à la connaître, et l'attachement qu'elle porte à ce gars est complètement démesuré. Ça pourrait facilement la détruire et je ne suis pas très doué lorsqu'il s'agit de réconforter.

Pourtant, je n'ai pas l'impression qu'elle soit amoureuse.

Si elle l'était vraiment, je doute fortement que je ressentirais cette attirance reciproque entre nous. Du moins, c'est ce que je veux croire.

En attendant, je sors toutes les liasses de billets du sac. J'en fais des tas pour les compter et vérifier encore une fois que la somme précise que Anders demande y est bien. Je ne voudrais pas qu'on se retrouve dans la merde parce qu'il manque cinq mille dollars ou une connerie de ce genre.

Je sursaute en entendant la porte se déverrouiller, et j'observe Viral entrer dans la pièce. Elle n'a qu'un simple peignoir sur le dos, celui de l'hôtel, et les cheveux détachés et humides. Je fronce les sourcils en laissant mon regard trainer sur ses jambes. Elle me remarque enfin et ses yeux passent de moi aux billets. J'aimerais savoir ce qu'elle pense, mais son visage reste neutre, impassible. Je déteste quand elle fait ça. Elle s'approche prudemment du lit et frôle du bout des doigts l'argent, comme si elle avait peur de se brûler.

– Tu as réussi à tout trouver ?

Sa voix est à peine audible, un simple murmure que je peine à entendre. Je découvre une Viral bien différente de celle avec qui j'habite. Elle me paraît plus sincère, comme si elle s'ouvrait un peu plus à moi pour laisser entrevoir la personne qu'elle est vraiment, loin de toutes ces barrières.

– Oui. Tu étais où ?

Son attention quitte les dollars pour se fixer sur moi et me dévisager. Quoi ? J'ai un truc sur le visage ? J'ai encore dit une connerie ? À croire qu'elle va me dévisager chaque fois que j'ouvre la bouche.

– Tu t'inquiétais ?

– Dis pas de conneries.

Elle retrouve un semblant de sourire et son sourcil tressaute comme pour me dire que mon nez s'allonge comme Pinocchio. J'avoue, je m'inquiétais peut-être un tout petit peu. C'est quand même un comble pour un acteur de se faire démasquer.

– Je trouvais le temps long donc je suis allée faire un tour au spa de l'hôtel, explique-t-elle finalement.

– Pour faire quoi ?

– Euh... Ce qu'on fait dans un spa ?

Viral se retient de rire avant de fixer son attention de nouveau sur les billets. Dur retour à la réalité. Elle ne perd cependant pas son air moqueur, même si je devine facilement qu'il cache son trouble.

– Vaut mieux les ranger. Sauf si tu comptes te payer une poule de luxe avec ça.

Je lève les yeux au ciel. S'il y a bien un truc que je ne me suis jamais payé, c'est ça. Si je veux une fille, je la séduis. Je ne la paie pas. Et mon inconscient n'arrête pas de me répéter que c'est Viral que je veux...

Play My Game - TERMINÉ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant