Play My Game - TERMINÉ

CHAPITRE 21 - Lowen

Assis sur la même banquette que la veille, nous n'arrêtons pas de nous échanger des regards noirs avec Anders. Il n'y a aucun doute quant à l'hostilité présente entre nous. Il n'a pas encore pipé un mot que j'en ai déjà perdu patience. Je veux qu'il prenne son fric, qu'il nous rende le petit con et qu'on se casse. Ce n'est pas bien compliqué !

Mais c'est visiblement trop demander à cet abruti de proxénète. Il se contente de fixer Viral comme un chien fixe un bout de viande. Elle est calée contre mon épaule, mal à l'aise, mais ne dit rien.

– Qu'as-tu fait de ton temps ici, Vicky ?

– Nous avons attendu de te rendre ton argent pour repartir. Ce que nous attendons toujours.

– Ne sois pas si désobligeante, Vicky.

– C'est naturel quand il s'agit de toi.

J'observe leur joute verbale en grinçant des dents. J'ai vraiment beaucoup de mal à comprendre cet homme. Son boulot, c'est de prostituer des filles, donc forcément ça en fait un mec peu fréquentable à mes yeux. Mais cette obsession qu'il a avec Viral me déroute autant qu'elle m'agace. C'est une envie personnelle qui l'anime. Il n'a juste pas encore compris qu'elle est du genre bornée et que rien ne pourra l'acheter.

Anders ne se formalise pas des réactions de Viral, il se contente de la regarder de façon encore plus appuyée qu'avant, tout en croisant les bras en se donnant un air nonchalant.

– J'ai une proposition à te faire, Vicky.

– Je ne veux pas l'entendre.

Voilà, ça, c'est la Viral que je connais. Mais ce gars ne lâche pas l'affaire pour autant.

– Je vais quand même te la faire.

Ça m'aurait étonné...

– J'ai quelque chose à te proposer. Fais-le et tu seras totalement émancipée de ton père.

– Qui te dit que je veux m'émanciper ?

– Hunter est très bavard quand il veut.

Viral se crispe contre moi et je sais qu'on pense à la même chose. Je suis presque sûr qu'il a dû tirer ce genre d'information en le tabassant. Ce mec est un sale type sans aucune morale, il devrait être en taule. Dommage que je ne puisse pas appeler moi-même les flics.

Mais même si je n'approuve pas ses manières, j'avoue être curieux de savoir ce que ce Hunter a pu dire. Viral n'est pas très bavarde lorsqu'il s'agit de sa vie privée...

Anders n'attend pas que Viral proteste, il reprend d'un ton assuré.

– J'ai besoin de quelqu'un pour s'occuper des filles. Et je veux que ce soit toi. Tu seras bien payée et les dettes de Hunter seront effacées, y compris les futures.

S'occuper des filles. Il veut dire les choisir, les préparer puis les vendre au client le plus offrant le temps d'une nnuit. Je tourne la tête vers Viral sans savoir si elle serait capable d'accepter cette proposition douteuse. J'ignore à quel point elle souhaite se détacher de son père. De toute façon, si elle dit oui, je l'attire dehors pour lui remettre les idées au clair.

Heureusement, une moue dégoûtée apparaît sur son visage et elle se détache de moi pour s'accouder à la table.

– Et ensuite ? Quand j'ai fini de bosser, je te laisse te glisser entre mes cuisses, c'est ça ? Je serai ta pute perso ?

– Ce serait un plus, oui.

Un haut le cœur m'anime alors que je sens la colère monter en moi. Je ne peux pas lui refaire la gueule au risque de tout faire foirer, mais ce n'est pas l'envie qui manque. Viral semble sentir ma tension car sa main se glisse sur ma cuisse sous la table avant qu'un rire mauvais lui échappe.