CHAPITRE 8 - Viral

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Je fais les cents pas alors que la sonnerie de mon téléphone me semble interminable. Pourquoi ne répond-elle pas ? Je sens la tension monter peu à peu en moi. Chaque partie de mon corps est tendue à force d'angoisser, je ne sais même plus ce que cela fait de se sentir détendue. Je jette un rapide coup d'œil à Lowen , à l'écart de la dépendance, et je soupir de soulagement lorsque sa voix retentie à l'autre bout du combiné.

– Cam ! J'ai cru que tu ne décrocherais jamais.

Pire, j'ai cru qu'il lui était arrivé la même chose qu'à lui.

– Tout va bien, Viral. J'étais avec un détective.

– Je t'ai déjà dit que je m'occupais de tout. Arrête de te tuer à la tâche.

Je sais, même à des centaines de kilomètre d'elle, qu'elle se retient de pleurer. Notre vie n'a rien de facile ces derniers temps, j'essaie de l'épargner au mieux que je peux, mais je ne peux pas faire de miracles malheureusement.

– Tu as de ses nouvelles ? m'interroge-t-elle d'une voix presque éteinte.

– Non. Je suis désolée, Camille. Je ne l'ai pas encore trouvé. Il ne doit pas être bien loin... Je ne désespère pas. La seule source que j'ai eue a dit avoir vu Hunter par ici. C'est la seule chance qu'on ait. Je pense que je peux me servir de Lowen pour le trouver...

Et cette idée me dégoute en un sens. Non pas à cause de Lowen, mais parce que je ressemble à mo n père en agissant ainsi. Les gens ne sont pas des objets, on ne peut pas se servir d'eux comme si de rien était. Mais en cas de situation extrême, les mesures en deviennent extrêmes, et je n'avais pas réellement d'autres possibilités. Alors même si ça me fait du mal de devoir me montrer aussi manipulatrice que mon géniteur, je n'ai pas le choix.

– Tu as pu commencer à le chercher ?

– Un peu. Lowen m'a emmenée à une soirée, mais Hunter n'est pas là. On va le retrouver, je te le promets. Je ferai n'importe quoi pour lui et tu le sais. Je vais essayer de parler à Lowen. Peut-être qu'il acceptera de nous aider... Il a l'air curieux, il pourrait accepter de nous aider.

Je passe une main dans ma tignasse brune et je tire sur une mèche, a bout de nerf. En réalité, je n'ai aucune idée de si Lowen accepterait de nous aider. Je ne lui ai pas spécialement donné de raison de me faire confiance à force de jouer avec lui. Pourtant je n'aurais peut-être pas d'autre choix que de lui dire la vérité sur ma présence si je veux atteindre mon but. Je soupire tout en tournant sur moi-même et mon corps se fige en découvrant Lowen dans l'embrasure de la porte. Je raccroche brusquement sans explication pour Camille et je fonce sur lui, un air certainement meurtrier sur le visage.

– Tu m'espionnais ? ahané-je.

– Tu avais mal fermé la porte. J'ai entendu mon prénom, se justifie-t-il.

– Ça te plairait si j'épiais tes conversations téléphoniques, toi ?

– Non, en effet. Mais ça m'a au moins permis de comprendre pourquoi tu tenais tant à être des nôtres. Se servir des gens, c'est moche.

Il m'observe avec insistance, son regard sombre et ses lèvres pincées. Il fait comme si rien ne le touchait, comme si sa vie n'était constituée que de fêtes, de femme et de réussite, mais je vois dans ses yeux qu'il y a plus que ça. Derrière son allure de gros con, il y a quelqu'un de blessé qui se méfie de tout. Et surtout de moi. Un rire sans joie m'échappe et je l'observe sans prendre la peine de cacher ce que je ressens vraiment au fond de moi, autant énervée que lassée de cette situation. Je voudrais que tout soit plus simple.

– Oh, je t'en prie, Lowen ! Vous êtes les premiers à vous servir de moi ! Tu m'aides uniquement parce que Jane a besoin de ce contrat. Alors je crois qu'on est quitte sur cet aspect.

Je suis loin d'être bête. Je ne suis pas là parce qu'ils souhaitent que je réalise un rêve ou je ne sais quelle connerie. Ils veulent juste un contrat en plus pour Jane et quelqu'un qui accepte de tournée avec un acteur aussi emmerdant que Lowen. C'est leur travail, je comprends. Et j'ai moi-même mon propre but. Ce serait gonflé de leur part que de me mettre à la porte juste pour ça. J'observe son visage tendu, ne sachant pas quel comportement aborder. Ses sourcils parfaitement dessinés encadrent son regard, lui donnant une apparence à la fois intimidante et séduisante. Son nez, droit et légèrement incliné vers le bas, ajoute à son charme. Il donne à son visage une allure résolue et confiante. Il ne me laissera jamais partir si facilement, je le sais.

Le plus déstabilisant, c'est le sentiment qu'il crée en moi. Il n'est pas juste beau à regarder, il m'attire. Sa barbe de trois jours encadre sa mâchoire carrée d'une manière qui respire la masculinité, et sa teinte légèrement plus foncée par rapport à ses cheveux bruns crée un contraste subtil mais terriblement séduisant. Il est plus facile pour moi de le repousser en me montrer aussi butée que lui plutôt que de prendre des risques. Mais j'ai bien peur que je doive m'ouvrir pour arriver à mes fins...

– Maintenant que tu sais pourquoi je suis là, tu vas me faire dégager, n'est-ce pas ?

Lowen laisse échapper un soupire avant de se laisser tomber dans l'un des fauteuils de la pièce. Je sens que je ne vais pas apprécier l'échange à venir.

– C'est qui, ce Hunter ? Ton copain ?

Je le dévisage une seconde, cherchant à comprendre s'il est réellement sérieux. Il pense vraiment que je me serais comportée comme je l'ai fait avec lui, que je l'aurais laissé m'embrasser et que je me serais glissé dans son lit si j'avais quelqu'un dans ma vie ? Je crois que je ne comprendrais jamais les hommes.

– C'est juste quelqu'un pour qui je ferais beaucoup. Il a disparu y a quelque temps.

– Disparu ?

Je peux voir les rouages de son cerveau s'activer. Ce n'est pas courant, ou du moins, quand quelqu'un disparait, c'est la police qui se charge de le rechercher. Je m'assieds à coté de Lowen, résignée à lui expliquer la situation au minimum.

– Il a pris ses affaires et il est parti il y a déjà plusieurs semaines. Mais quand on a essayé de le retrouver, on a trouvé aucune trace de lui. Il a tout simplement disparu. Il ne répond plus au téléphone, chose qu'il ne fait jamais. Il traînait dans des trucs pas clean, et un de mes contacts m'a dit qu'il avait été aperçu dans une des soirées d'Hollywood il y a deux semaines.

– Alors, ta vidéo était volontaire ?

Un rire m'échappe alors que je secoue vivement la tête. Je ne me serais jamais mise en scène de la sorte. C'est une bêtise que ma meilleure amie m'a demandé durant un live, elle voulait que je lise le passage que je préféré dans le roman que je lisais, et j'ai enregistré la rediffusion pour mon compte. Je n'avais même pas imaginé que ça pourrait servir mes intérêts.

– Pas du tout. C'est juste Camille, ma coloc, qui s'est amusée. J'avais prévu de me pointer ici et de sortir avec un acteur ou un chanteur, une connerie de ce genre, pour entrer dans ces soirées. C'était juste un heureux hasard.

Et Lowen aurait parfaitement pu jouer ce rôle, même si je ne lui en dit rien. Il hoche la tête avant de passer sa main sur son visage.

– Alors tu ne comptes pas aller au bout ? L'audition n'est qu'un tremplin pour toi ?

Je ne suis pas un monstre. Je ne compte pas leur faire faux bond.

– Je vais aller au bout si j'ai la chance d'être prise. Je vais retrouver Hunter et continuer à vivre ma vie. Surtout que je ne ferais pas ce coup-là à Jane, ne t'inquiète pas. Et puis... Sans moi personne n'accepterait de jouer avec toi, non ?

– Tant mieux. Et détrompe-toi, les femmes se battent pour être à l'affiche avec moi, se moque-t-il en retrouvant son air rieur qu'il arbore habituellement.

– C'est cela oui. Est-ce que ça veut dire que tu ne vas pas me discréditer ? Tu comptes m'aider ?

Il détourne les yeux un instant pour fixer la fête qui se déroule à l'extérieur. J'ai l'impression que mon cœur ne bat plus, l'attente de sa réponse me semble interminable. Il est mon seul espoir pour tente rde sortir Hunter de là avant qu'il... Non. Je refuse d'y penser.

– Je vais t'aider. Mais tu vas devoir tout me raconter de A à Z.

Play My Game - TERMINÉ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant