CHAPITRE 12 - Lowen

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Je lui emboîte le pas, bien décidé à ne pas céder, à ne pas laisser ce mur que je commence à ériger entre nous se fissurer. Aucun mot ne sort de ma bouche, je lui en ai déjà assez dit pour la soirée. Je ferme la porte derrière nous après avoir donné à manger à ma chienne, laisse Viral monter dans ma voiture et prends la direction des studios qu'on a quittés quelques jours plus tôt avec Viral en musique de fond.

– C'est quoi, ton problème avec les dealers ?

Je grince des dents sans lui répondre. Elle m'agace déjà alors que la soirée n'a pas commencé.

– Non parce que, entre nous, ta réaction est un peu excessive. Tu t'es déjà drogué ? Non. Pire. Tu prends des stupéfiants parce que tu as des problèmes d'érection ?

Je me retourne vivement vers elle pour la dévisager. Non mais, elle plaisante, là ? Pourquoi elle s'en prend toujours à ma bite pour m'attaquer ?

– Bon, après, j'ai jamais testé, perso, continue-t-elle alors que ma vision se concentre sur la route. Mon père s'en est assuré en me faisant un test de dépistage de drogue toutes les semaines. Tu t'en rends compte ? La fille du gouverneur qui serait camée ? Quel gag !

Je me mords la joue pour ne pas sourire. Elle m'agace mais ce qu'elle dit ne peut que m'amuser. C'est vrai que ça ferait tache sur le tableau pour son père. Mais il y a quand même un point qui me taraude...

– Si tu ne te drogues pas, comment tu as connu ton copain ?

– Mais c'est qu'il parle !

Elle veut vraiment que je la déteste.

– Disons qu'il avait besoin d'aide et que j'étais la seule à pouvoir l'aider.

Traduction : un mec paumé qui est tombé sur une petite fille riche, il se l'est faite et, comme une idiote, elle est prête à tout pour lui. Pathétique.

– J'aimerais comprendre pourquoi tu réagis comme ça... souffle Viral.

Elle semble réellement vouloir comprendre, mais je n'ai pas envie de satisfaire ses interrogations. Je la tolère à contrecœur, je ne vais pas en plus me forcer à lui expliquer pourquoi je lui en veux.

– Dommage pour toi, je n'ai aucune envie que tu me comprennes.

Et heureusement pour moi, c'est à ce moment-là que nous arrivons. Je trouve rapidement une place dans le parking privé des studios et je descends sans même attendre Viral. On est arrivés ensemble, c'est déjà bien. Mais visiblement insuffisant à ses yeux car elle me rejoint pour me prendre la main. Sa paume est froide contre la mienne, pourtant une certaine chaleur se répand en moi, la même que celle que j'ai pu ressentir dans cette chambre d'hôtel et qui était grisante, mais je ne veux rien de tout ça. Je ne veux rien de Viral et des merdes qu'elle peut apporter ; la seule chose qui nous lie est ce foutu film, et c'est bien la seule raison pour laquelle je ne laisse pas s'exprimer ma colère. Je retire vivement mes doigts des siens et ça a l'air de beaucoup l'amuser, contrairement à moi.

– Y a des photographes, Lowen. On a été clair avec moi, je dois me plier à leurs règles si je veux garder ce rôle. Alors bouge-toi, monsieur Bougon, et montre des signes d'affection. À nous de les duper.

Elle appuie sur chacun de ses mots en me reprenant la main alors que je soupire profondément. Saloperie de contrat, saloperie de film et saloperie de Viral ! J'aimerais me barrer d'ici mais je ne le peux pas. Nous rejoingons la soirée comme si de rien n'était, comme si je ne rêvais pas de dégager sa main de la mienne.

Une foule de costumes et de robes de soirée nous accueille, une musique joue en fond et des serveurs circulent entre les invités avec des verres de champagne sur un plateau. Pas de doute, on est au bon endroit. Une soirée assez stricte pour être chic mais pas assez guindée pour être ennuyeuse. Le cinéma sait y faire.

Play My Game - TERMINÉ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant