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Saya

Voilà maintenant plusieurs jours que j'ai proposé à la mercenaire de devenir mon alliée. Elle ne s'est pas manifestée de nouveau. En attendant, j'ai lu tous les livres qui restent dans la bibliothèque du château, soit trois livres. Le reste avait été brûlé. Après tout, le premier moyen de soumettre un peuple à sa domination, c'est de lui enlever sa culture et sa source de savoir. Ils parlent tous de l'histoire de Criistalya avant la guerre contre les Jalàkas et de la famille qui était au pouvoir à ce moment-là, la famille Gylden. Tous ses membres possèdent des pouvoirs uniques, dont celui de pouvoir jouer sur un piano appelé le Clavier Maudit. 

Le piano sur lequel j'ai joué en arrivant au château ? Je lève les yeux au ciel, exaspéré par ce dernier mot. 

Je parie 100 Lux que ces livres ont été écrits par des historiens qui se sont laissés rattraper par l'admiration qu'ils éprouvent pour leur Roi et sa famille et qui ont donc transformé l'histoire. Ils l'ont même tellement transformée qu'elle ressemble à un conte pour enfants. 

Je déteste l'Histoire. Tout n'est qu'une question de point de vue, et là est le problème. Elle n'est pas faite par des gens neutres, même s'ils se qualifient comme tels. 

Je dois parler à quelqu'un. Je ne peux pas partir du constat que je ferais potentiellement partie de cette famille juste en me basant sur une seule source, encore moins quand elle est aussi biaisée. Quelqu'un qui a vécu assez longtemps pour avoir connu le royaume de Criistalya longtemps avant sa chute, qui connaît la situation politique à ce moment-là et qui sait ce qu'il était advenu des dirigeants dès lors. Seulement, je ne connais presque personne ici. Ça veut donc dire que je vais devoir sociabiliser avec les Criistalyens encore présents pour savoir si la personne que je cherchais était encore de ce monde. Et c'est fort peu probable.

Oui...C'est vrai qu'en plus j'adore sociabiliser !

Pourtant, c'est la seule façon d'en savoir un peu plus sur ma généalogie, donc je dois malheureusement m'y coller. Je me rends donc à l'auberge pour demander à ses habitués qui est la personne la plus vieille de ce village. 

Selon un vieux proverbe, quand un vieillard meurt, une bibliothèque brûle. Selon moi, ce serait plutôt bête que les deux seules bibliothèques disponibles du royaume aient brûlé... Et une des bibliothèques dont je parle n'en est pas vraiment une. 

Chaque personne que j'interroge me donne les mêmes indications pour me rendre chez cette personne, mais jamais son nom ne franchit la barrière des lèvres des clients que j'ai interrogés. Même une heure et demie d'interrogatoire, personne ne m'a encore donné le nom de la personne qui habitait le lieu qu'on m'a indiqué. Ma curiosité prend le dessus sur ma raison et je décide de me rendre chez celui que personne n'ose nommer. 

  Je quitte la taverne, tourne à droite et avance tout droit. J'arrive dans une ruelle sombre et sale, trop silencieuse pour être sûre. Comme ils me l'ont tous indiqué, il n'y a qu'une petite cabane en bois se dressant dans l'obscurité de la ruelle. Je toque à la porte de la cabane, le son de mon poing sur le bois résonnant dans le silence environnant. Elle s'ouvre soudainement, mais personne ne se trouve derrière. 

Poussé par le courage – ou la bêtise, ou les deux peut-être – je rentre dans la maisonnette et je regarde autour de moi. Il fait sombre, une odeur de parchemin ancien et de plantes parfume l'endroit. Je suis incapable de distinguer quoique ce soit dans les ténèbres opaques qui règnent dans la pièce. J'avance dans la pièce lorsque j'entends une voix grêle me dire: 

The Bastard PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant