Nesayem
Je me réveille sur le canapé au rebord de ma fenêtre, le corps qui frissonne. Je me suis endormie ici, dans la froideur de la nuit. j'imagine. La fenêtre est restée ouverte toute la nuit. A présent, elle laisse la lumière de l'aurore colorée emplir ma chambre. Les constellations de la nuit dernière ont cédé leur place au soleil et ses milles nuances d'or, dont la chaleur peint le matin de sa présence. Aucun nuage ne flotte dans l'infini du ciel, annonçant que cette journée sera plus chaude que toutes les autres. Je m'assois, me frotte les yeux et étire mes bras au-dessus de ma tête. Mes yeux s'habituent à la lueur du jour qui inonde la pièce. Tous les événements d'hier me reviennent en tête tandis que je regarde la façon dont ma pièce est agencée. Je n'ai pas eu mon mot à dire, bien sûr.
Comme pour toute situation qui me concerne. Les domestiques ont eu carte blanche sur l'agencement de ma chambre. Bien sûr, quand je dis carte blanche, je veux dire sans me demander mon avis. Et aujourd'hui plus que n'importe quel jour, la vue de cette pièce qui ne me ressemble que par l'aspect princier qui s'en dégage, me donne la nausée. Je me lève, et des vertiges manquent de me faire rassoir. Je n'aurais sûrement pas dû manquer le dîner hier, mais me coltiner aux trente six milles questions de ma famille – auxquelles je répondrai que par des réponses monosyllabiques – ne m'a pas convaincue d'aller y assister. Encore moins après avoir appris que je vais être mariée à seize ans. Je préfère encore avoir des maux de tête parce que je n'ai pas mangé que parce que leurs questions idiotes me sont insupportables.
Ma chambre est peinte en blanc, rien de très original. Des mosaïques en céramique blanche aussi représentant différentes formes géométriques ornent les murs.
Une couleur banale, des formes banales. Dieu sait à quel point je déteste le blanc. Pourtant, tout ce qui m'entoure dans cette pièce, est de cette couleur.. Mon lit, fait en chêne blanc, est couvert de baldaquins en satin de la même couleur trône au milieu de la pièce. Contre le mur, il fait face à la porte, à côté de ma fenêtre. Un couvre-lit uni, d'un blanc presque crème le recouvre, et des oreillers assortis le décorent. Mon bureau est placé à droite de la porte, et ma bibliothèque à gauche. Tous les deux en chênes blanc aussi. Un énorme tapis, blanc aussi, habille le sol. Une armoire est posée contre le mur droit de ma chambre, blanche elle aussi.
C'est trop blanc.
Trop parfait.
Trop superficiel.
Trop brillant...
Tous ces meubles, éléments, simples tissus et cette seule et unique couleur me font tourner la tête. Ce n'est pas moi, et tout le monde le sait très bien.
Les mariages arrangés, ce n'est pas moi..
Les prétendants et leurs allées et venues constantes au palais, ce n'est pas moi non plus.
Tout ça n'est pas moi. Tout ne me ressemble en rien. Toute la familiarité de la pièce m'est étrangère...alors que c'est chez moi.
Mais est ce que l'on peut vraiment considérer ce château comme chez moi ? Est-ce que cette cage dorée, mais dont je pourrai jamais m'enfuir, est vraiment chez moi ? Est ce que cette cage dorée que je quitterai dans quelques mois pour une autre cage du même acabit est chez moi ?
Chez moi...
Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je ne sais même pas si je veux le savoir. J'ai déjà essayé plusieurs fois de réagencer la chambre selon mon bon vouloir, mais dès que j'en sortais, on la remettait comme elle était avant. Austère, blanche, d'une brillance telle qu'elle en devient terne. Remplie de tout ce dont une princesse à la vie parfaite a besoin, mais si vide. Vide de vie, vide de couleurs, vide de bruits.
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The Bastard Prince
FantasySaya est sur le point de devenir Roi de Satylia, quand son propre frère remet toute sa vie en question et le déclare illégitime au trône. Désormais en exil, Saya s'établit dans un royaume inconnu. Et il est bien décidé à en faire son empire pour réc...