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Quelques minutes plus tôt,

Saya

Je me réveille en sursaut. Les dernières images de mon rêve – devenu un cauchemar – sont encore fraîches dans mon esprit. Je parviens à me remémorer tout le rêve. Je me souviens de tout, dans le moindre détail, ce qui ne devrait pas être possible en théorie. Je peux presque ressentir les sensations du rêve. Les bras de Haayal autour de mon cou, son corps collé au mien...

Ses lèvres qui effleurent les miennes. Et le poignard qu'elle plante dans ma poitrine par la même occasion...

Son odeur est presque encore coincée dans mes narines. Elle réunit dans une harmonie parfaite, le parfum fruité de la poire et ceux fleuris du jasmin et de l'oranger. Et ça lui correspond parfaitement.

Il est envoûtant, comme elle.

Je sors de l'état second dans lequel le rêve m'a plongé et regarde autour de moi, frissonnant. Il fait encore nuit, et la lune gibbeuse, visible de la fenêtre, éclaire la nuit noire. Je présume qu'il ne doit pas être plus de deux ou trois heures du matin. Le soleil devrait donc se lever dans deux heures. Je pourrais retourner dormir, mais je sais que je ne ferais que me retourner sur tous les côtés pour tenter de m'endormir sans succès. Je soupire, et passe les bras derrière ma tête, pensif.

J'aurai aimé que mon rêve prenne une autre tournure, moins violente. Une tournure qui implique que Haayal m'embrasse vraiment... Peut être que je n'ai pas fait ce rêve pour rien et qu'il est plus qu'un simple rêve. Peut être que cet évènement sera amené à arriver, et que mon subconscient ne fait que me prévenir. Je préfère ne pas y penser cependant. Le souhait que quelque chose apparaisse pour me faire oublier mes inquiétudes me traverse l'esprit, mais je le chasse rapidement. 

Pourtant, j'entends un tintement de verre sonner à quelques mètres de moi. Je tourne la tête dans la direction de laquelle le son vient. La lumière se fait sur la trajectoire de mon regard. Je vois l'objet à l'origine du son: une bouteille en verre. Je me lève et marche jusqu'à la bouteille, me baisse et la saisit par le col. Elle est déjà débouchonnée. Je l'approche de mon visage, à la recherche du nom du liquide qu'elle contient. Elle ne porte aucune inscription, mais rien qu'à la forte odeur qui s'en dégage, ça ne peut être qu'une seule chose: de l'alcool.

Ça fera l'affaire.


Saeem

Je tourne le dos à une Haayal nerveuse pour une raison que j'ignore avant de retourner dans ma chambre. Je verrouille la porte derrière moi, et retire mes vêtements maculés de sang. Après que Jun et Haayal soient montés dans leur chambre, je suis parti remplir une mission individuelle qu'on m'a donnée. Et pour laquelle j'ai été grassement payé. Pour subvenir au besoin de tous les autres Shams, je passe mon temps libre à accomplir des missions en tant que tueur à gage. Avant de devenir un mercenaire qui tue des criminels, j'étais tueur à gage. J'ai commencé dès que j'ai appris à me servir d'un couteau pour faire autre chose qu'à éplucher des pommes.

C'est – et a toujours été – contraire à mes principes et valeurs, mais je l'ai toujours fait dans le but de rendre la vie de ceux que j'aime un peu meilleure – malgré notre profession inhabituelle. Chaque meurtre que je réalise pour l'argent m'enlève tous les jours un peu plus d'humanité, mais tant que je ne perds pas l'objectif pour lequel je fais cela, je suis sûr de rester un tant soit peu humain. Seuls Haayal, Jun et quelques autres Sihams sont au courant de mes activités extra-professionnelles, et je leur ai interdit d'en parler à qui que ce soit d'autre. Ils ont aussi l'interdiction de faire de même. Enlever une vie humaine est quelque chose d'horrible, et ils le font déjà assez souvent.

The Bastard PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant