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Haayal

Trois jours plus tôt

Un tiède rayon de lumière vient chatouiller mes paupières, m'amenant à lentement les ouvrir...

Je regarde un instant au plafond, émergeant peu à peu de la torpeur de mon sommeil. J'ai, pour la première fois depuis longtemps, eu une vraie nuit de sommeil. Je m'extirpe du lit, étirant mes bras au-dessus de ma tête dans un profond bâillement, et traîne mes pieds jusqu'à la salle de bain. Après m'être débarbouillée et douchée, j'enfile rapidement ma tenue: un pantalon en cuir blanc ainsi qu'une chemise aux manches bouffantes de la même couleur. J'entoure ma taille d'un corset noir, en cuir également, dans lequel je dissimule mon coutelas que j'ai posé sur la table de chevet la nuit dernière. Je chausse mes bottes et jette ma cape sur mes épaules puis la boutonne autour de mon cou. La capuche rabattue sur mon visage, je sors de la maison, devant laquelle m'attend Jun, accompagné de Saeem. À ma vue, ils me sourient et commencent à marcher vers je-ne-sais quel lieu. Je les suis sans grande conviction, encore assommée par le sommeil

Voilà pourquoi je ne dors pas. J'y prends goût trop rapidement et ça me rend toute...molle

Jun ralentit pour s'ajuster à ma cadence et me dit:

— On s'est levée du mauvais pied, Haayouchou ?

— Appelle-moi encore une fois comme ça et je brise ce qui fait de toi un homme.

Il explose de rire avant de rétorquer:

— Monte pas sur tes grands chevaux Haayal...quoique finalement...

Il me sourit puis tourne sa tête vers la forêt où nous arrivons. Je suis son regard et vois au loin Aswad et deux autres chevaux. Jun saisit ma main et se met à courir, m'entraînant vers les animaux qui hennissent joyeusement en nous voyant arriver. J'essaie tant bien que mal de suivre le rythme de mon ami...

Le soleil vient à peine de se lever et il me fait déjà transpirer.

Après une dizaine de secondes à courir à travers les buissons et les feuillages des arbres, nous atteignons les chevaux. Jun me présente son cheval; Tempest, à ma gauche: Un imposant étalon dont la robe chocolat était parsemée de taches blanches semblables à des éclaboussures. Malgré son apparence quelque peu rebelle, il me laisse le caresser lorsque je tends la main vers lui en m'approchant doucement de lui. Saeem se manifeste derrière moi:

— Tu dois sûrement retourner voir Reagan pour l'informer de la situation et comme tu as emprunté un cheval de sa garde...j'ai pensé qu'on lui ferait parvenir par le biais de celui-ci. Je t'ai donc trouvé une nouvelle monture pour le remplacer. C'est une jument. Elle est fougueuse, mais je suis sûr que tu arriveras à la maîtriser sans grande difficulté.

— Si elles ont toutes les deux le même caractère de merde, t'inquiètes même pas qu'elles vont s'enten– hé pourquoi tu as fait ça Haayal ! s'exclame le jeune homme qui me sert de meilleur ami.

Je lui ai mis une claque derrière la tête.

Ça fait du bien...

— J'ai pas un caractère de merde, Jun. Et ça, c'est parce que tu me fais chier.

— Votre langage! crie Saeem

— Oui, oui, si tu veux Haayouchou ! me lance Jun en ignorant le chef des Sihams.

Et avant même que j'ai le temps de l'attraper pour lui régler son compte, il a déjà enfourché son cheval et s'enfonce au galop dans la forêt. Serrant les dents, énervée par son comportement puéril, j'enfourche ma jument également, à creux, prête à partir à sa poursuite. Saeem me dit cependant:

The Bastard PrinceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant