The Bastard Prince

40.

Haayal

— N'y songe même pas, Saya. mets en garde Reagan à propos de quelque chose que j'ignore.

Au moment où j'entends son prénom, je réalise ce que je suis résolue à le faire.

Je suis résolue à le tuer. A le trahir, encore. Je lui ai menti, encore.

Des mensonges...

Encore.

Encore, encore et encore. Encore et toujours.

Parce que je suis trop égoïste pour considérer une vie sans me souvenir de ma vie passée. Parce que je suis trop égoïste pour penser à autre chose qu'à ça.

— Pourquoi, qu'est ce que tu vas faire sinon ? Me tuer ? J'aimerais bien te voir essayer, très cher, raille-t-il.

Il m'a promis qu'il trouverait une solution pour le royaume, et pour moi...Mais il n'aura pas l'occasion de tenir sa promesse. Il ne pourra plus jamais me faire de promesses.

Pourquoi moi ? Pourquoi lui ? Pourquoi comme ça ? Pourquoi maintenant ?

Pourquoi...?

Le souvenir de ses paroles et mots doux me reviennent à l'esprit, m'emplissant d'une nostalgie cruelle que je m'empresse de chasser, mais qui revient me frapper encore plus fort qu'elle ne vient de le faire...

"Haayal. On va trouver une solution. Ensemble. Tu n'auras pas à me tuer, je te le promets. Ne pleure pas, mon coeur."

Une larme solitaire s'écoule sur ma joue droite. Je l'essuie précipitamment, pour ne pas que d'autres la suivent.

"Une amie qui m'était chère m'a un jour dit que pleurer n'est pas une faiblesse. Au contraire, pleurer, c'est prouver que tu es capable d'assumer tes sentiments. C'est la preuve que tu es humaine, mon coeur. Si tu as besoin de pleurer, je serai toujours là pour essuyer tes larmes, Haayal. Toujours."

Aujourd'hui cependant, il n'est pas là. Et dans quelques minutes, son "toujours" deviendra mon "jamais". Parce qu'il ne sera plus jamais là pour essuyer mes larmes qui couleront pour toujours. Mes yeux me brûlent, de ces mêmes larmes que je ne veux pas laisser s'échapper. Mes yeux, qui sont à présent la raison pour laquelle sa couleur préférée est le noir.

"Et je peux savoir pourquoi le noir est a couleur préférée ?"

"Tes yeux, mon cœur. Tes yeux."

Mon coeur...

Ce surnom, qu'il prononçait avec une douceur inouïe, qui me faisait toujours le même effet à chaque fois que je l'entendais, comme si je ne m'habituerais jamais à l'entendre.

Sa voix était remplie d'émotion quand il m'appelait ainsi.

Je ne l'entendrai plus jamais me donner de surnoms. Je n'entendrai plus jamais sa voix.

"Tu es tellement naïve, mon coeur."

"Ne pleure pas, mon coeur."

"Tu es plus coriace que tu en as l'air, mon coeur."

Mon coeur...

Même quand il utilisait ce surnom de façon sarcastique, je ne pouvais nier que j'aimais l'entendre sortir de sa bouche.

"Tu n'as certainement pas intérêt à faire ça, mon coeur."