The Bastard Prince

5.

Saya

J'ouvre les yeux et les referme dès lors. La lumière y pénètre, brûlante. 

Je me force malgré tout à les garder ouverts et à regarder autour de moi. Pourquoi suis-je par terre, endormi ? 

Très digne d'un prince, tout ça...

Je réussis au prix d'un énorme effort à me redresser en position assise. Mon corps me semble peser une tonne. Alors que je tente de me remémorer les évènements qui avaient précédé ma perte de conscience soudaine, une voix familière me demande.

— Tu es enfin réveillé ? Parfait. C'est ici que mon travail commence, Saya. Donne-moi tes mains. Je me lève et me retourne, tombant nez à nez avec la dernière personne que j'ai vue avant de sombrer. 

La sorcière. C'est elle qui m'a fait ça, et elle me demande quand même de lui redonner une deuxième fois mes mains. Sérieusement ?

— Je sais que je ne t'inspire pas vraiment confiance, Saya. C'est compréhensible...

— Vous comprenez pourquoi je ne vous donnerai pas mes mains alors, je l'interromps sèchement en ponctuant ma phrase de ce sourire forcé dont j'avais le secret.

 — Je suis là pour t'aider, mon enfant, pas pour te faire du mal. Je devais interpréter tes rêves pour pouvoir lire dans ton passé. C'est la raison pour laquelle je t'ai endormi. Plus vite tu t'endormais, plus vite je pouvais interpréter les messages subliminaux que ton esprit essayait de te faire passer. Et plus vite j'interprétais ces messages, plus vite nous en apprendrons sur ton passé et tes racines, et plus vite nous en apprendrons sur ton passé et tes racines, plus...

— Ne le prenez pas mal, très chère, mais la seule chose que j'ai envie que vous fassiez plus vite c'est la fermer, je la coupe brutalement.

Ces paroles sont sorties plus vite que je ne les ai pensées et je me sens légèrement coupable d'avoir dit ça. 

Oui, mais tu le penses un peu tout de même... 

 À la vue du visage crispé de la vieille femme, ma culpabilité se transforma en contentement...

Rectification: je le pense totalement

— Je vais mettre ce manque de respect sur le compte de la fatigue, Saya. Donne-moi tes mains, cela ne devrait pas prendre plus de dix minutes...

Elle a achevé sa phrase en plongeant son regard dans le mien. Je n'arrive plus à détacher mes yeux des siens. Mes mains se tendent vers elle sans que je ne les aies commandées. J'essaie de résister, de fermer les yeux, en vain. J'ai beau jouer l'insolent avec cette vieille femme, elle est beaucoup plus puissante que moi. Elle arrive à me contrôler seulement en me regardant...

— Bien, merci, lance t-elle d'un ton enjoué en saisissant mes mains. Attention, ça va picoter.

Je sens une lame froide effleurer ma peau, à l'endroit où mes cheveux naissent sur ma nuque puis un liquide chaud s'écouler le long de mon dos. 

Picoter ?! Je vais littéralement me vider de mon sang en me tordant de douleur ! 

Et puis, comment a-t-elle pu me faire une entaille alors que ses mains étaient dans les miennes et qu'elle me regardait?