Chapitre 40

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Drago voulut ouvrir les yeux mais ses paupières lui faisaient l'effet de peser des tonnes. Il dut s'y reprendre à plusieurs fois pour réussir l'opération et il les referma presque aussitôt, ébloui par la soudaine luminosité de l'endroit. Les murs blancs, la lumière du jour traversant la fenêtre lui donnaient l'impression de vouloir brûler ses pauvres yeux habitués à la pénombre, cachés derrière leurs paupières.

Après quelques efforts, il réussit à ouvrir les yeux et se redresser contre les oreillers.

Une chambre d'hôpital. Un tableau face au lit affichait des chasseurs qui partageaient un repas, agitant leur verre avec énergie, l'air de se disputer, leurs lèvres s'agitant silencieusement au rythme de leur verre qui laissait s'échapper un peu de vin à chaque accoup un peu trop violent.

Un tableau magique, il était à Sainte Mangouste.

Il entendit quelque chose sur le côté, une respiration lente et mesurée quoiqu'un peu forte et tourna violemment la tête, réveillant une douleur dans son cou.

Elle était là, les yeux clos.

Un trait de lumière passait à travers les rideaux tirés, tombant droit sur son visage apaisé. Ses cheveux bruns avaient des reflets cuivrés, bouclant abondamment autour de son visage. Ils avaient repoussé depuis leur dernière coupe. La dernière coupe qu'il lui avait imposé. Quelques mèches effleuraient son menton écorché. Son sourcils se froncèrent un peu dans son sommeil, en même temps que son nez.

Elle était magnifique. 

Elle était en vie.

Il déglutit, fixant le ventre qui se soulevait à rythme régulier. Elle respirait. Elle vivait. Et lui aussi.

Il extirpa son bras gauche de sous les draps, affrontant la marque noire ternie sur sa peau pâle.

Les souvenirs se bousculèrent brusquement, précipitant tous les évènements dans son esprit.

Le mage noir était mort, Hermione était vivante.

Il passa un index tremblant sur la marque inerte. Elle ne se faisait plus sentir sur son bras, elle ne tiraillait plus sa peau. Il n'y avait que le contact de son doigt sur la peau. Parce qu'il était vivant, lui aussi.

Il n'aurait jamais pensé survivre à tout ça. Lorsqu'il avait rejoint le QG du Lord avec son épée pour simple arme et une pauvre baguette qui n'était même pas la sienne, il s'en allait vers sa mort.

Son doigt glissa jusqu'au crâne noir, pensif.

- Il est mort.

Drago releva les yeux vers Hermione. C'était elle qui avait parlé. Ses yeux bruns s'étaient ouverts et Drago déglutit.

Ce regard cuivré, il l'avait croisé un millier de fois, bien plus même, mais il avait l'impression de ne l'avoir jamais vu. Pourquoi était-il différent ? Il n'aurait pas trop su le dire. Elle s'extirpa du fauteuil avec une grimace, sans doute un peu courbaturée d'avoir dormi dans le fauteuil.

Doucement, elle s'assit sur le bord du lit, son regard se portant vers la fenêtre comme si elle était mal à l'aise d'être si proche de lui, les mains crispées sur le bord du matelas. Quelques mois auparavant, Drago aurait été irrité de son malaise et il aurait réagi de façon violente. Aujourd'hui, ses yeux pouvaient chercher la croix qui dépassait de la manche de la chemise de la Gryffondor, et sa colère s'évaporait.

- Je suis en vie.

Sa voix passa ses lèvres, rocailleuse, lui donnant l'impression d'arracher des lambeaux de sa trachée. Un tressaillement agita les épaules de Granger, mais seul le silence répondit à sa remarque.

Coeur de fer, coeur de pierre, coeur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant