Chapitre 33

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Drago traversait les couloirs gris et ternes de la prison qu'il connaissait si bien d'un pas rapide. Ces murs lui avaient toujours parus froids, impersonnels, si différents de ceux du manoir richement décoré, si différents de ceux de Poudlard, croulant sous des tableaux abracadabrants et tapisseries. Elle les avait rendus moins mornes et froids pendant quelques mois. Mais maintenant, même sa présence ne réchauffait plus la prison.

Peut-être parce que tout était différent.

Hermione se réveilla en sursaut lorsque la baguette de Drago tinta contre les barreaux de la cellule qu'elle ne quittait pas depuis son arrivée. Tout son corps lui faisait mal. Dormir sur le sol dur ne lui faisait pas de bien.

- Dra... go ? Dit-elle d'une voix encore un peu endormie, sortie trop brusquement de son sommeil.

- Je t'ai déjà dit de ne pas m'appeler comme ça, siffla-t-il.

La porte s'ouvrit d'un sortilège, et Hermione se redressa à demi.

- Il est temps que tu te mettes au travail pour mériter ton repas quotidien.

Il s'écarta de la porte, l'invitant à quitter la cellule. Hermione ne bougea pas, assise au milieu de sa cellule. Et si c'était un traquenard ? Si c'était pour la trainer aux douches ?

- Travailler ? Je croyais que tu voulais me laisser mourir dans cette cellule.

Drago entra dans la cellule. Il était inquiétant, les mains enfoncées dans les poches de son pantalon, son visage impassible et son regard plus froid que jamais. Ses genoux craquèrent lorsqu'il s'accroupit face à Hermione. Le coeur de Hermione battait à tout rompre et elle espérait qu'il n'entendait pas son souffle irrégulier.

Ça faisait si longtemps qu'elle ne l'avait pas vu de si près, qu'elle n'avait pas vu son regard gris. Alors qu'importe qu'il soit agité et plein de rancoeur, ça lui faisait du bien de le voir. En vie.

Il tendit la main comme pour attraper son visage, mais il se ravisa.

- Mon cher cogestionnaire Rookwood trouve que l'ignorance n'est pas une assez grande punition pour une fuyarde qui a causé un soulèvement.

Le coeur de Hermione fit une embardée. La rancoeur transpirait de sa voix. Elle avait surpris assez de conversations pendant ses missions pour savoir que Rookwood n'était pas vraiment gestionnaire, mais plutôt un chaperon que le Lord avait mis là pour surveiller son Général plus si fiable.

- Il n'a sans doute pas tort, dit-il dans un mince filet glacé qui gela le sang de Hermione.

Rookwood. Rookwood était un vrai problème dans son plan pour se rapprocher de Drago. Elle l'avait compris lorsqu'il était venu lui rendre visite pour la menacer sans trop se cacher. Elle avait aussi compris que Drago était mal loti, lui aussi à cause de cette évasion.

Mais il n'est pas mort, lui rappela sa conscience.

- Maintenant debout, gronda-t-il en se redressant.

Hermione obéit, pantelante et le corps lourd d'avoir si mal dormi pendant plusieurs jours. Elle n'avait pas la moindre idée de l'heure qu'il était, mais il devait être très tôt car il n'y avait personne dans le réfectoire lorsqu'ils passèrent devant, ni personne à travailler.

A peine à l'extérieur, Drago dégota une cigarette de sa poche et la porta à ses lèvres, l'allumant d'un geste expert. Il ne marchait pas aussi vite que dans les souvenirs de Hermione.

Tout était silencieux autour d'eux. Il n'y avait pas d'oiseaux qui chantaient, pas de voitures moldues au loin, pas de voix de gardiens qui hurlaient sur des détenus qui ne travaillaient pas assez rapidement.

Coeur de fer, coeur de pierre, coeur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant