Chapitre 16

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Lorsque Hermione avait pu quitter l'infirmerie, les regards n'avaient jamais été plus pesants que ce jour-là. On ne prenait plus la peine de propager les rumeurs à voix basse sur son chemin. On la dévisageait sans la moindre gêne, parlait si fort qu'elle pouvait presque suivre la conversation.

L'accès de colère du Général Malefoy avait perturbé les esprits. Comprenez bien qu'ils n'étaient pas vraiment surpris par la colère du Général mais plutôt par la raison qui avait provoqué une telle rage. On cherchait à se mettre d'accord sur le fait que cela soit normal ou pas, surprenant ou non.

Après tout, il n'y avait jamais eu beaucoup de femmes dans cette prison, et elles étaient toutes si masculines qu'il n'y avait jamais eu de cas de batifolages ou du moins, personne ne s'était fait prendre. Personne n'avait osé agir ainsi dans le réfectoire bondé de gardiens. Encore moins quand le Général était dans les parages. Alors certains pensaient que cela n'était peut-être pas si surprenant que cela, mais plutôt que les amoureux avaient eu beaucoup trop d'audace et de naïveté pour se permettre une telle chose.

Mais la majeure partie était d'accord pour se dire qu'il y avait quelque chose d'anormal à un tel comportement du Général. Cette hypothèse-là séduisait un peu plus les foules qui cherchaient toujours une nouvelle rumeur à propager, de nouveaux ragots à saigner jusqu'à ce que les gardiens les forcent à parler d'autres choses.

En effet, le comportement du Général aurait pu avoir quelque chose à voir avec la fille, la Gryffondor : Hermione Granger. D'autant plus qu'elle avait disparu plusieurs fois la nuit. Les rumeurs allaient bon train à ce sujet et beaucoup estimaient qu'elle devait sans doute batifoler avec le Général qui n'avait pas apprécié son soudain rapprochement avec le pauvre homme qui avait osé s'approcher de la sang de bourbe préférée du Général.

Bien sûr, aucun détenu n'avait dit à voix haute que le Général aurait pu s'intéresser à une sang de bourbe, mais on n'en pensait pas moins.

Malefoy avait donné l'ordre à ses gardes de ne rien laisser passer, de punir chaque détenu qui osait formuler une telle idée. Mais cela n'avait pas suffi à faire taire ces détritus.

Hermione ne l'avait pas revu depuis cet incident et elle se passait bien de croiser ce visage si parfait et si monstrueux à la fois. C'était maintenant un garde quelconque qui venait lui déposer les dossiers du Général et cela convenait très bien à Hermione.

Il l'évitait et elle se demandait bien pourquoi. Malefoy était du genre sûr de lui et il ne devait pas douter un instant qu'il avait agi en son bon droit. Peut-être avait-il décidé qu'elle ne valait pas la peine d'être approchée. C'était sans doute cela.

Et Hermione ne pouvait pas s'empêcher d'être en colère à cette idée. Oh, pas parce qu'elle voulait que Malefoy continue de lui rendre visite, loin d'elle cette idée, mais parce qu'elle ne supportait pas d'être accusée à tort. Elle n'avait pas embrassé Barnabé malgré ce qu'il croyait.

Et sa colère l'empêchait de dormir chaque soir.

Elle ne savait ce qui la mettait le plus hors d'elle, le fait qu'il ait osé entrer dans sa tête ou qu'il lui en veuille de quelque dont elle était innocente ?

La seule idée qui l'aidait à se calmer, c'était que Barnabé n'était pas mort par sa faute. Fred lui avait certifié qu'il était bien en vie bien qu'il avait perdu quelques dents. Il était aux cachots d'après les dires de son ami, et elle se demandait bien ce qu'on pouvait lui faire subir là-bas.

Fred avait refusé de lui dire mais elle en avait idée. Il devait avoir le droit à quelques doloris de temps en temps, c'était certain.

Elle ne pouvait pas s'empêcher de dessiner du bout des doigts la croix invisible qu'elle sentait sous sa peau. Pourtant il n'y avait rien, pas la moindre trace, mais elle savait qu'elle était là.

Coeur de fer, coeur de pierre, coeur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant