Chapitre 23

36 2 1
                                    

Hermione se tourna une énième fois, ignorant ses fesses douloureuses. Elle aurait tout donné pour avoir sa vieille couverture de jute à mettre sous elle. Elle remua ses doigts autour des barreaux au-dessus de sa tête. Elle n'avait pas la moindre idée du temps qu'elle avait passé dans cet endroit.

Il lui semblait que ça faisait des jours qu'elle était là, mais il était plus vraisemblable que cela ne fasse qu'une journée, sans doute moins. Son bras suspendu en l'air par les menottes la faisait souffrir depuis longtemps maintenant. Ses doigts étaient glacés, son poignet lui faisait mal, enserré dans le métal froid. Même son épaule était douloureuse. Elle ne pouvait pas s'allonger ni se redresser complètement. Elle aurait tout donné pour pouvoir simplement s'allonger.

Et pour couronner le tout, son estomac criait famine. La lumière était désagréable, elle n'avait pas réussi à dormir correctement. La seule chose qui allait, c'est qu'elle n'avait pas froid.

Drago ne lui avait pas rendu visite.

Elle avait entendu une porte s'ouvrir deux fois, comme si quelqu'un était entré dans le cabinet, mais il ne vint pas la voir. A son grand damne.

Hermione avait trouvé le temps de penser à la vie, à Drago, à sa présence dans cet endroit. Elle y avait pensé une éternité pour finir par cette conclusion : c'était une vie de fou. Comment en était-elle arrivée là ?

Une porte s'ouvrit et Hermione se redressa un peu dans sa cage, oubliant la douleur sourde dans son dos. La porte de la pièce fut actionnée et Hermione sentit son cœur battre plus fort. Et si c'était Voldemort ?

Mais ce fut la chevelure blonde de Drago qui apparut. Il se glissa à l'intérieur de la pièce, un plateau dans les mains et referma la porte d'acier d'un coup de pied. Il n'avait pas l'air de bonne humeur ni très rassuré. Il ouvrit la porte de la cage et y posa le plateau. Il refermait déjà celle-ci sans un regard pour Hermione.

-    Attends ! Ne t'en va pas comme ça ...

Drago se figea. Il était plus livide que jamais.

-    Je n'ai pas le temps, il va se demander où je suis.

-    Ça fait combien de temps que je suis ici ?

-    Je t'ai emmené hier soir, et là, il est 16h00, dit-il prestement en repartant déjà vers la porte. Je reviendrais ce soir, j'aurais peut-être plus de temps, ok ?

-    D'a...

Il avait déjà refermé la porte. Elle soupira lourdement et tira le plateau à elle. C'était de la purée et du pain. Ce n'était pas grand-chose, mais cela épongerait un peu la faim qui tenaillait son ventre. Elle mangea lentement, profitant de cette unique occupation en 24h. Ce n'était pas très à l'aise pour elle de manger d'une seule main mais ça avait le mérite de faire durer ce court passe-temps.

Elle soupira lourdement, dégageant avec lassitude le bol du plateau et se tortilla pour glisser le plateau sous ses fesses. Ce serait moins désagréable que les barreaux. Son esprit ne prit pas longtemps avant de retourner à Drago. Allait-il vraiment revenir ce soir-là ? Et pourquoi tenait-il tant à la protéger du regard du Lord si ce n'est parce qu'il ... tenait à elle ?

Jamais elle n'oserait lui poser la question, le mettre face à ses actions qui contredisaient ses paroles. Où était passée sa haine des sangs de bourbe ? Quand est-ce qu'il avait arrêté de l'exécrer autant que Harry ? Hermione n'aurait pas su le dire, tout comme elle n'aurait su dire quand est-ce qu'elle avait cessé de ressentir une haine viscérale contre lui pour passer à un sentiment bien plus agréable.

Elle se rabroua. Il fallait qu'elle se sorte cette idée de la tête. Il n'y aurait jamais rien entre elle et Drago, d'abord parce qu'elle mourrait sans doute sous peu et enfin parce qu'ils ne venaient pas du même monde. S'ils s'étaient rapprochés, c'était seulement parce qu'ils y avait été forcés ici, dans cette prison qui tirait le pire de chacun d''eux. S'ils s'étaient trouvés tous les deux, c'est simplement parce qu'ils se rappelaient seulement ces temps anciens où ils n'étaient pas trop malheureux, lorsqu'ils étaient au plus proche d'être heureux, à l'abri des murs de Poudlard.

Coeur de fer, coeur de pierre, coeur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant