Chapitre 22

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Hermione était guillerette. Autant que l'on puisse l'être à 7h00 du matin dans une prison glaciale, vêtue d'une chemise qui n'était plus si blanche, de chaussures usées et d'un jeans qui ne lui seyait guère. A vrai dire, elle se sentait si bien qu'elle avait même eu l'impression d'avoir le teint frais ce matin en se regardant dans le miroir. Les mains enfoncées dans les poches, elle ne ressentait même pas le froid hivernal qui soufflait à travers les ouvertures béantes des cellules. Non, elle était bien trop plongée dans ses pensées, se remémorant encore et encore la nuit qu'elle avait passé avec Drago.

Oui, Hermione appréciait tout particulièrement cette journée et pas même la bouillasse infâme qu'elle mangeait chaque matin ne pourrait lui retirer son exaltation.

C'est ce qu'elle se disait si souvent avant d'être frappée de plein fouet par la réalité lui rappelant qu'elle n'était pas la jeune fille la plus chanceuse de la planète.

Alors quand Hermione Granger vit apparaitre Astoria Greengrass, la peste de Serpentard dans le réfectoire, suivie de deux détenus qui portaient difficilement une masse conséquente de valises, Hermione n'en crut pas ses yeux. Crabbe la suivait de près, le front couvert de sueur, l'air malmené par la jeune femme.

Là, vêtue des vêtements luxueux que sa famille pouvait lui offrir avec la richesse amassée depuis des siècles et fortement nourrie depuis qu'on dépouillait les nés-moldus, Hermione l'avait à peine reconnue. Le menton haut, l'air fier, elle marchait d'un pas sûr vers Drago qui distribuait les ordres matinaux à ses gardiens.

Hermione ne pouvait pas cacher son air interloqué, les yeux ronds, la cuiller suspendue devant sa bouche ouverte, plusieurs regards de ses codétenus tournés vers elle. Les rumeurs n'allaient pas tarder à aller bon train et bien que personne ne soit vraiment certain de ce qui se passait entre ces deux-là, on savait qu'ils étaient liés. D'une façon ou d'une autre.

Les détenus étaient plus silencieux que jamais. Chacun avait développé un instinct de survie impressionnant dans cette prison où la mort les attendait à chaque angle de couloir. Alors tous avaient bien compris que la situation risquait de dégénérer très rapidement. En effet, le Général n'était pas un homme du genre très patient, Astoria Greengrass, elle, était du genre à faire de grandes esclandres en public dès que quelque chose la contrariait, et Hermione était encore d'un autre genre encore, celui qui ne se laissait pas berner si facilement.

Le regard dardé sur Drago, qui n'avait pas encore remarqué l'arrivée d'Astoria, Hermione ne savait pas trop ce qu'elle devait penser. Elle n'avait pas croisé grand monde qui était à Poudlard avec elle, si ce n'est Blaise Zabini une ou deux fois, Crabbe et Goyle, mais ça en était resté là. Astoria l'avait méprisée dès qu'elle la croisait à Poudlard, tout comme ses compatriotes de Serpentard, et elle n'avait pas la moindre envie que celle-ci la voit dans un tel état. Elle ne manquerait pas de se moquer d'elle avec entrain.

Hermione ne savait pas pourquoi cela la dérangeait tant. Après tout, ils la prenaient tous de haut, elle, Hermione Granger du trio d'or, on s'en donnait à cœur joie pour la narguer et lui rappeler que la guerre avait été gagnée par Voldemort, qu'elle n'était rien et que son ami, Harry Potter, était mort et pourrissait probablement quelque part dans la forêt interdite. Mais Hermione n'avait pas envie de faire face à cette fille. Elle était incapable de donner une explication à cette gêne.

Astoria s'arrêta derrière Drago, attirant les regards curieux des gardes qui écoutaient silencieusement le Général, et elle tapa sur l'épaule de celui-ci.

Le moment sembla durer une éternité à Hermione.

Drago se retourna lentement, interloqué qu'on ose l'interrompre de cette façon. Il sembla surpris en apercevant Astoria et aussitôt, son regard se tourna vers l'assemblée de détenus qui se tenait dans le réfectoire, en haleine, plus silencieux qu'à l'habitude, observant du coin de l'œil ce qui se passait. Ce n'était pas tous les jours qu'on voyait arriver une jolie blonde pour interrompre le Général dans son travail de tyran. Hermione croisa le regard de Drago qui sembla le fuir aussitôt après l'avoir cherché au milieu du réfectoire.

Coeur de fer, coeur de pierre, coeur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant