Chapitre 36

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Hermione ne pouvait pas détacher son regard de la silhouette tout à fait visible de l'autre côté de la porte vitrée. C'était comme si son regard y était accroché malgré la nausée que ça lui donnait, comme si son esprit la forçait à faire face à sa conscience, à son âme tachée par le péché d'avoir tué, d'avoir mis fin à la vie d'un autre être humain.

Aussi mauvais soit-il.

La douleur de sa gorge qui la brûlait, ses yeux qui la piquaient toujours, ses poumons douloureux, tout ça, ce n'était qu'une punition pour son crime.

À côté d'elle, Drago n'était pas paralysé. D'un geste raide, il ouvrit la porte du sas. Hermione plaqua une main sur sa bouche et son nez avant que le reste de vapeur empoisonnée ne l'atteigne.

D'un sortilège informulé, Drago attira le corps sans vie hors de la cabine, en refermant la porte avec effort.

- Qu'est-ce que tu fais ? Bredouilla Hermione.

Drago s'accroupit avec maladresse, fouillant les poches de Rookwood à la recherche d'elle ne savait quoi.

- On ne peut pas le laisser là. Personne ne doit savoir ce qui s'est passé.

Il se racla la gorge.

Hermione ferma les yeux une seconde, cherchant un semblant de lucidité quelque part en elle pour reprendre ses moyens. Drago avait raison. Il fallait gérer la situation et pour ça, elle avait besoin de sortir de cette torpeur qui lui vaudrait un nouvel allé dans cet ... endroit.

- Pourquoi tu as mal ? Souffla Hermione en rouvrant les yeux.

Drago trouva le poignard de Bellatrix et le fourra dans la poche de son manteau en se redressant.

- C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour savoir si on s'approchait de toi, dit-il de sa voix grave en rangeant la baguette de Rookwood dans une autre poche de son manteau.

Il releva les yeux. Comment pouvait-on avoir un tel regard d'ange et cacher le démon en soi ? Hermione n'aurait pas réussi à le dire.

- Toute la douleur que tu ressens, je la ressens, finit-il par avouer.

Le coeur de Hermione s'étreignit. Alors c'était ainsi qu'il était arrivé au bon moment lorsque Bellatrix l'avait torturée au sortilège doloris. Et c'était encore comme ça qu'il l'avait trouvée avant qu'elle ne meure ce soir. Il avait ressenti la douleur qui l'avait parcourue toute entière, la brûlure que chaque respiration lui avait provoqué.

Elle passa une main nerveuse sur son visage. Sa main tremblait, convulsait presque.

- C'est un sort de magie noire, croassa-t-elle.

Il hocha de la tête, approchant de la porte du centre d'exécution. Il était encore trop tôt pour que les gardes ne trainent dans les alentours.

- Qu'est-ce qui va se passer maintenant ? Ils sauront ce qu'on a fait. On saura que tu m'as aidée et le Lord va ...

Sa voix s'éteignit. Un mot de plus et elle s'écroulait.

Drago s'approcha à grand pas, attrapant son visage entre ses mains, la forçant à affronter son regard bien plus lucide que le sien. Serpentard et manque de courage n'étaient pas synonymes, maintenant Hermione le savait. Parce que Hermione n'aurait pas bougé d'ici, attendant qu'on la trouve et qu'on la tue quand Drago Malefoy, digne Serpentard de père en fils depuis des générations, lui, ne s'écroulait pas.

Il réfléchissait.

- Calme-toi, Granger.

- Comment tu peux me dire ça ? Souffla-t-elle. On vient de tuer celui que le Lord a envoyé pour te surveiller. Il n'est pas stupide, il saura pourquoi il est mort, et ... ta tante, elle va ... elle va deviner, elle va tout raconter au ...

Coeur de fer, coeur de pierre, coeur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant