Chapitre 15

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Malefoy n'avait pas menti. Trois jours plus tard, un convoi entra en gare, finissant de convaincre les plus sceptiques qu'une nouvelle sélection allait avoir lieu avant la fin de l'année. Les plus anciens – c'est-à-dire ceux qui étaient là depuis un an et demi, deux ans pour les plus costauds – n'en revenaient pas. Ils n'avaient jamais entendu parler d'une sélection avant janvier, habituellement on gardait un maximum de détenus car beaucoup d'entre eux mouraient pendant l'hiver.

-    Peut-être qu'il n'y aura pas beaucoup de sélectionnés cette fois, hésita Hermione. Après tout, il y a des couloirs entiers de cellules qui ne sont pas utilisés, ils peuvent garder beaucoup d'entre nous et avoir encore plus de main d'œuvre que d'habitude.

-    Ça m'étonnerait, dit Fred. Ce n'est pas comme si nous faisions un travail utile...

Hermione ne répondit rien. Il avait raison. Tout ce qui les tuait à la tâche était facilement réalisable avec une baguette magique.

-    Ils ont dû dénicher un camp de résistants, ajouta Léonard.

Léonard était un homme en fin de trentaine bâti comme une armoire à glace. Hermione n'avait pas de mal à comprendre comment il avait survécu jusque-là. Il avait les joues creuses mais elle ne savait par quel miracle, il avait réussi à conserver son épaisseur d'entant.

-    Ou ils ont assoupli les conditions pour avoir la chance d'intégrer la prison Malefoy, dit sombrement Hermione.

La sirène annonça la fin de la discussion et Hermione rejoignit ses archives. Le travail commençait à manquer et elle peinait à trouver quelque chose à faire. Elle n'avait pas la moindre envie d'être réaffectée, surtout pas à l'extérieur. Alors, elle continuait de ranger ses dossiers avec le plus de lenteur possible.

Elle repensa à la menace de Malefoy et elle se demanda s'il oserait sélectionner Barnabé. Elle espérait secrètement qu'il ait oublié l'idée mais elle ne se faisait pas d'illusion. Malefoy avait très bonne mémoire.

A la fin de la journée, ils découvrirent les nouveaux venus et Hermione les regarda comme une bête curieuse. Il ne se passait jamais grand-chose d'autre que la mort dans cette prison, alors voir de nouveaux visages, des nouveaux venus, était ce qu'il y avait de plus excitant dans leur vie.

Fred était encore assis avec Léonard, discutant en observant les nouveaux.

-    J'ai entendu dire que ce ne sont pas des capturés, apparemment, ils ont évacué l'une des prisons du pays.

Hermione se pencha brusquement pour regarder Léonard. Une prison pour nés-moldus ?

-    Une prison comme la nôtre ? Pourquoi ?

Léonard se pencha par-dessus Fred, baissant encore d'un ton.

-    Je ne sais pas vraiment, mais il semblerait qu'il y ait eu une attaque...

Il se tut, et Hermione comprit son soudain repli.

Malefoy venait d'entrer dans le réfectoire, toisant la foule d'un œil froid. Evidemment, il avait besoin de faire son petit numéro pour impressionner les nouveaux. Il ne manqua pas de lancer quelques doloris sur des détenus qui ne se tenaient pas assez convenablement selon lui, mais cela n'eut qu'un moindre effet sur les nouveaux qui se tassaient devant les grandes tables du réfectoire.

C'est vrai qu'ils étaient plutôt maigrichons, moins que les prisonniers qui séjournaient ici, et l'air en meilleure santé. Mais ils avaient le même air brisé, prostrés sur eux-mêmes.

Malefoy n'avait pas besoin de les intimider, ils étaient déjà complètement cassés.

-    Ils n'ont vraiment pas l'air en forme, dit Barnabé en soulignant l'évidence.

Coeur de fer, coeur de pierre, coeur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant