Chapitre 7

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Hermione était là, figée, spectatrice de la scène macabre qui n'allait pas tarder à devenir plus glauque encore.

Fred était juste à côté d'elle. Son épaule touchait presque la sienne, tout comme celle de son voisin de gauche. Tous amassés les uns contre les autres, ils observaient sans un mot, et Hermione ne s'était pourtant jamais senti aussi seule.

Seule au monde, comme s'il n'y avait personne avec elle assistant à une horreur pareille, à une telle inhumanité.

Comment en étaient-ils arrivés là ?

Hermione avait cru entrapercevoir quelque chose à travers lui, quelque chose d'humain, d'un peu plus fragile que le monstre sanguinaire et froid qu'il avait toujours affiché. Qu'il affichait depuis Poudlard, qu'il affichait encore plus dans cette prison de malheur qui était déjà suffisamment malsaine.

Il lui avait semblé qu'il avait parfois un peu baissé sa garde.

Elle s'était trompée.

Wagner. Le pauvre Wagner qui l'avait rabaissé plus bas que terre quelques semaines auparavant et à qui elle aurait souhaité tout le malheur du monde hier encore, lui inspirait la plus grande pitié à présent. Elle avait honte d'elle qui n'avait pas voulu penser à l'avenir de cet homme maintenant que le Général Drago Malefoy savait qui était le traitre.

Elle avait envie de détourner le regard, de ne plus regarder le visage tuméfié et sanglant de l'homme, déformé par les coups, mais elle en était incapable. Son regard ne voulait pas lâcher ce visage. Le macabre attirait l'œil. Alors Hermione continuait de regarder, scrutant chaque plaie, chaque marque bleutée, observant avec curiosité chaque mouvement douloureux de l'homme agenouillé qui tenait à peine droit.

Chaque respiration lui semblait douloureuse, son dos rond s'arquait un peu plus chaque fois que ses poumons se gonflaient et son épaule droite ne semblait plus à la même hauteur que la gauche.

Hermione, incapable de penser à quoique ce soit d'autre, avait la nausée. Et en même temps, elle se demandait quel sortilège Malefoy avait bien pu utiliser pour infliger une telle souffrance. Ce n'était pas à Poudlard qu'il avait appris cela, ni dans les livres de la bibliothèque. Elle doutait même que la réserve contienne des ouvrages qui parlaient d'une telle torture.

En fait, elle comprit une chose. Il n'y avait pas que des sortilèges qui avaient été utilisés sur ce pauvre homme. Malefoy avait utilisé la forme de torture la plus basique, celle qu'on attribuait aux êtres qu'il répugnait pourtant au plus haut point : la torture employée par les moldus.

Son regard se décrocha pour la première fois de l'homme qui semblait vivre un supplice. Il avait dû subir plus d'un doloris et Hermione ne doutait pas que Malefoy était un maitre dans l'art de ce sortilège impardonnable.

Son regard se braqua sur Malefoy.

Il avait la baguette tendue vers le pauvre homme.

Les gardes étaient tous alignés, observant la déchéance du bras droit de Malefoy, Wagner, cet homme qui les avait commandés pendant plusieurs années. Certains étaient incapables de soutenir ce spectacle. D'autres avaient les yeux écarquillés, terrifiés par cette scène.

-    Regardez ce qui arrive à ceux qui m'ont trahi, tonna le Général.

Hermione regarda les lèvres de Drago Malefoy bouger. C'était comme si cette voix n'émanait pas de la bouche de ce garçon qui avait partagé toute sa scolarité. Comment ? Comment en étaient-ils arrivés là ?

Comment avait-il pu devenir si cruel, si mauvais alors qu'ils avaient partagé les mêmes cours, les mêmes repas ?

Sa gorge se serra. Elle avait envie de pleurer.

Coeur de fer, coeur de pierre, coeur briséOù les histoires vivent. Découvrez maintenant