Avant de commencer ce chapitre je rappelle que mon histoire contient des propos "matures" comprenant des termes grossiers mais aussi de la violence ou d'autres notions réservées à un public adulte. Le ton se veut humoristique mais je préfère que le lecteur soit averti.
Je m'excuse par avance pour mon humour qui n'a rien de très fin mais j'ai trop ri en écrivant ce chapitre et je voulais le partager.
Bises et bonne lecture !***
Les pieds dans l’eau, je regarde les lumières onduler entre les lignes de nage. La silicone de mon bonnet étourdit les bruits environnants et je ne perçois que le ronronnement du moteur de la piscine. Au loin, j’aperçois Léo et Nathan en train de s’éclabousser tandis que Ryu enchaîne les longueurs entre des lignes de code.
Je referme un surligneur et place mon livre sur une pile à ma gauche en soupirant. En jetant un œil de l’autre côté je note qu’une quantité impressionnante de manuels s’entasse. Je perçois comme une évidence qu’il s’agit de travail à faire pour le lendemain et suis prise d’effroi. En me retournant pour rechercher de l’aide je me retrouve face à une classe de TD bondée, silencieuse, tous regards braqués sur moi.
M. Grinsek me lance, l’air méprisant :
« - Donc vous n’avez désormais même plus la décence de venir habillée en cours. Je ne vous félicite pas mademoiselle. »
Un sentiment de honte m’envahit lorsque je réalise que je suis nue. Au milieu des élèves, je vois Chloé qui me sourit méchamment.
J’essaye de couvrir mon corps de mes mains et tente de me justifier auprès du professeur mais ma bouche est comme transformée en chewing-gum et les mots que j’essaie de former y restent empêtrés.
Trois petits coups sont frappés sur la porte et le roi de Lambdanie entre, sa couronne sur la tête. Chloé alors transformée en harpie s’empare d’une fève géante et fond sur lui. Je n’ai pas le temps de réagir qu’elle baisse son pantalon et lui enfonce la légumineuse au fond de son intimité. Les yeux écarquillés, dans un cri bref et aigu, le roi tombe raide mort, la graine disparue et profondément encastrée.
Je me lève en hurlant et m’empresse de prendre mon téléphone. Trempée de sueur et tremblante je le secoue comme si cela lui permettait de s’allumer plus rapidement.
Je ne peux m’empêcher de murmurer :
« - Nonononononon… »
Je ne veux pas y croire. Je ne peux pas avoir mis à mal la géopolitique mondiale avec mes stupides rêves. Pas sur un truc aussi débile ! Personne ne meurt d’une fève dans le cul ! Ce n’est juste pas possible.
Tandis qu’une animation clignote sur l’écran j’essaye de me raisonner. La Lambdanie est un grand pays, moderne, à la pointe des soins et de la technologie. Il n’y a aucune raison que le roi soit mort à cause de mon rêve. Il n’y a même pas de raison physique ou médicale pour que son intégrité ait été touchée.
Mon téléphone s’allume enfin et je n’ai pas le temps de faire une recherche que déjà je suis noyée sous les notifications. « Le roi de Lambdanie est mort. Vive le roi. » « La Lambdanie en deuil pleure son roi. » « Mort du roi Urbain XII. » …
Je serre dans mes mains mon téléphone avant de l’écraser violemment contre mon front. Quelle imbécile. Ne pas culpabiliser, penser que ce n’est qu’une coïncidence, prendre du recul, essayer d’en rire… Je répète en boucle ces conseils, tant, que les sons se mélangent et se confondent. Les larmes coulent de mes yeux et dans ma vue trouble se noient les couleurs de l’écran. Je suis en train de sangloter, la tête entre mes bras, depuis de longues minutes lorsque j’entends la clef tourner dans la serrure de la porte et celle-ci s’ouvrir lentement. Je lève la tête, retiens mon souffle et cherche du regard une arme par destination mais rapidement je reconnais le sweat à capuche rose et le bonnet bleu clair de Léo qui autorisent en toute confiance mes sanglots à repartir de plus belle.
Il entre dans le studio et me fixe.
« - Merde, Py… C’est toi alors ? »
Je tends mon visage que je sens gonflé et humide vers lui. Mes yeux brûlent et je devine mes conjonctives rouges contrastant avec le vert de mes iris. Je hoquète :
« - J’en sais rien Lélé, je crois bien que oui, j’ai merdé… »
Léo s’approche de moi et me tire à lui pour me prendre dans ses bras. De ses doigts il dégage délicatement mes cheveux collés par les larmes sur mon visage et je sens un peu de fraîcheur sur mes joues. Doucement il me berce tout en me tenant fermement et dans ce rythme rassurant j’arrive à me calmer.
« - J’ai pas eu la force de regarder en détail… Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
- Je sais pas trop, ils parlent d’une occlusion intestinale, apparemment un cancer que le roi avait qui a mal tourné ou un truc du genre.
- Alors c’est bien moi… »
Léo me décolle un peu de sa poitrine en me tenant par les épaules et me demande en me regardant :
« - Tu veux me raconter ? »
Je fais alors le récit de mes frasques oniriques et Léo éclate de rire. Je me mouche du revers de ma manche et le pousse de la tranche du poing.
« - C’est pas drôle ! Je te rappelle que quelqu’un est mort à cause de moi ! »
Léo essuie une larme sans pour autant interrompre son fou rire.
« - Py ! C’est un vieux crouton qui a vécu la meilleure de ses vies dans le luxe et l’abondance ! Il est mort comme plein d’autres personnes d’un cancer et que ce soit ta faute ou pas cette nuit, il allait en mourir de toutes façons ! On s’en fout, c’est pas grave. Par contre ce qui est grave c’est tes rêves, mais qu’est ce qu’il se passe dans ta tête ?! »
Je renifle en souriant malgré moi.
« - C’est vrai que j’aurais pu lui offrir une mort plus digne quand même… »
Léo s’esclaffe à nouveau et m’ébouriffe les cheveux.
« - Allez viens, on va oublier tout ça. »
Il installe les oreillers sur le matelas contre le mur et nous arrange un coin confortable. Après avoir pris mon ordinateur, Léo se glisse avec moi sous la couette et le cale sur ses genoux. De son bras musclé il m’amène contre son torse où je pose mon visage. D’une main il caresse mes cheveux et de l’autre lance mon dessin animé favori.
Épuisée par mes pleurs et bercée des chansons de notre enfance, je m’endors.
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Py.
General Fiction"Mes rêves blessent et tuent. J'en suis convaincue. Toute lésion survenue dans mon sommeil se produit dans la réalité. Malheureusement pour tout le monde j'ai une imagination débordante et cela conduit souvent à des catastrophes dont l'absurdité ne...