L’aube nous trouve affalés l’un sur l’autre dans une position des plus inconfortables. La sonnerie du réveil résonne dans mon crâne endolori que je lève précautionneusement du torse de Léo. Après avoir arrêté l’horrible son, j’essuie du thénar la salive qui s’échappe du coin de mes lèvres et frotte du creux du poignet celle sur la peau de mon ami encore endormi.
Tandis que je masse ma nuque courbaturée j’inspecte les sentiments que la nuit a empreint sur mon âme. Les brumes de mon rêve homicidaire accrochent une culpabilité et un malaise lourds à mon cœur. Ce n’est pas la première fois que mes songes blessent ou tuent mais il me semble qu’il m’est impossible de m’y habituer.
D’un coup de coude je réveille Léo qui mollement cache sa tête sous l’oreiller avec un marmonnement que je devine être une tentative de négociation pour reculer l’heure du lever.
« - Allez, debout, tout le monde n’a pas la chance d’être vivant aujourd’hui… »
Léo relève le coussin de son visage dans un effort évident et livre sa sagesse distinctement, les yeux toujours clos.
« - Py. Un vieux croûton doré à l’or pur, je te rappelle. Il aurait claqué quoi qu’il arrive. On s’en fout. Culpabilise plutôt de ne pas m’avoir encore fait mon café. »
L’oreiller retombe sur son visage avec son bras et je souris.
Sa réplique a le mérite de me sortir de mes ruminations et je me lève enfin.
Une fois nos cafés servis Léo se lève à son tour et sa bonne humeur encore timide au réveil s’épanouit librement.
Je le laisse faire l’imbécile avec Milo et file sous la douche. Malgré le bruit de l’eau qui coule je l’entends parler à mon écureuil.
« - Allez check buddy ! Tu sais faire ça, non ? Allez, hi five mon gars ! »
Je lève les yeux au ciel bien que je ne puisse qu’imaginer la scène.
Après avoir fini ma toilette je les retrouve dans la pièce principale du studio où je récupère ma brosse à cheveux qui traîne sur la commode.
Sur mon lit Léo joue avec Milo. Sur ses pattes arrière il essaye d’attraper une noisette à la limite de sa portée.
« - Donne la lui … Tu le connais il va finir par s’énerver.
- Mais non, c’est bon, t’inquiète, on joue entre mecs ! »
Je ne réponds pas et retourne dans la salle de bains me coiffer face au miroir. Quelques coups de brosse suffisent à dompter mes cheveux. Je les rassemble en queue de cheval avec un gros chouchou de satin vieux rose dont la couleur est assortie à celle de mon pull au col camionneur que je porte sur un jean moulant. J’enfile mes baskets pour compléter ma tenue et jette un œil à mon reflet. Le style sportif que j’adopte au quotidien est le seul qui me mette en valeur avec ma silhouette maigrichonne bien que je ne trompe personne sur mes capacités physiques, le seul sport que je pratique régulièrement étant le marathon de séries.
« - On y va ? »
L’absence de réponse me fait pencher la tête hors de la salle de bains pour vérifier la situation dans la pièce principale.
« - Oui, oui ! » répond Léo qui cache rapidement sa main dans son dos.
Je cherche Milo du regard, il s’est réfugié dans son arbre à chat avec sa noisette, l’air fâché.
« - Si tu ne te plains pas, je ne dirai pas que je t’avais prévenu… »
Léo, l’air penaud, me tend alors sa main où une grosse goutte de sang perle à son doigt. Je soupire et sors ma petite trousse de secours puis désinfecte et pose un pansement aux motifs enfantins sur la blessure.
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Py.
General Fiction"Mes rêves blessent et tuent. J'en suis convaincue. Toute lésion survenue dans mon sommeil se produit dans la réalité. Malheureusement pour tout le monde j'ai une imagination débordante et cela conduit souvent à des catastrophes dont l'absurdité ne...