- Installez-vous, nous dit maître Carboist lorsque nous arrivâmes. Mon ami Valpierre vient de m'apprendre le retour de ces deux jeunes gens. J'en déduis que vous nous quitterez bientôt et je veux profiter encore de votre présence.
Tous s'installèrent sur les gros canapés et les fauteuils qui composaient la pièce sobre. La salle était plutôt vaste, et un bureau chargé de papiers divers tournait le dos à une grande fenêtre qui laissait entrevoir le plateau.
Je m'installai dans un fauteuil et posai mes pieds sur la table cirée. Maître Duom me fit les gros yeux, et après un rappel à l'ordre d'Edwin, je les enlevai finalement pour les passer par l'accoudoir.
Maître Carboist avait l'air assez sympathique, du même âge que Duom avec qui d'ailleurs il semblait bien s'entendre. Pourtant, quelque chose me soufflait qu'il cachait bien des choses... Et vu sa façon d'observer Camille, je pense qu'il devait soupçonner ou du moins savoir quelques choses...
- Ainsi c'est toi, cette invitée surprise a tant perturbé Artis Valpierre, dit-il d'un ton détaché, sans pour autant détacher le regard.
- Je suis arrivé en même temps qu'elle. Je suis sûr que c'est moi qui ai dû faire peur à ce monsieur. Commenta Salim volant ainsi au secours de son amie.
Bjorn lança :
- Ce garçon est un véritable cauchemar !
Sa remarque détendit un peu l'atmosphère, et je souris.
- Ne t'inquiète pas, jeune fille, dit alors maître Carboist. Je n'essaierai pas de te soutirer tes secrets. Mon ami Nil'Erg m'arracherait les oreilles, pour le moins... Je vois en outre que ton camarade et toi êtes épuisés. Je vous propose donc de vous rafraîchir et de prendre un peu de repos. Si vous êtes d'accord, nous nous verrons ce soir pendant le repas.
Puis, comme si tout avait déjà été entendu, il nous convia à sortir. Je fus la dernière à partir, Edwin devant moi.
- Jeune fille, m'interpella maître Carboist.
Je me retournai. Edwin, bien qu'il n'ait pas été convié, s'arrêta également.
- Pourriez-vous rester ? Me demanda-t-il. Vous êtes également le bienvenu, Edwin Til'Illan.
Surprise, je lui jetai un regard. Edwin était lui aussi surpris. Je haussai les épaules. Pas question de me laisser intimider par cet homme. Je me dirigeai donc vers le fauteuil le plus proche et m'y laissai tomber avant de balancer mes jambes sur l'accoudoir. Cette fois-ci, Edwin ne me fit aucune remarque, occupé à fixer maître Carboist. Ce dernier sourit en me voyant assise dans cette position.
- Telle mère, telle fille...
Je sursautai en même temps qu'Edwin.
- Quoi ? Demandai-je aussitôt.
Maître Carboist s'assit à son bureau. Je me relevai et le suivis.
- Que savez-vous à propos de mes parents ? Demandai-je presque agressivement.
Il me sourit avant de m'inviter à m'asseoir. Je ne bougeai pas.
- Disons que j'ai connu ta mère il y a bien longtemps... Me dit-il.
Je ne répondis rien, beaucoup trop abasourdie par cette révélation.
- Je me souviens d'elle, lorsqu'elle avait ton âge. Elle était venue demander de l'aide à Ondiane il y a cela une quarantaine d'années, je crois. Je n'étais alors qu'un apprenti rêveur...
Muette, je l'écoutai sans broncher. Depuis quand ma mère connaissait cet endroit ?
- Elle était blessée, sans doute par une bête sauvage, où je ne sais plus quoi... Le maître de l'époque l'avait recueillie ici même. Je me souviens d'elle, lorsqu'elle était venue dans cette salle pour rencontrer maître Brétand. Elle s'était assise exactement au même endroit que toi, dans la même position, dans une parfaite assurance.
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Seul l'avenir nous le dira
Fanfiction« Il y a des batailles qui nécessitent la fureur du feu, et d'autres qui exigent la patience de l'eau. La clé est de savoir quand embraser et quand attendre.» Pas besoin de connaître l'univers pour le lire, c'est accessible pour tous le monde ! Tir...