1 | L'experte

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Jax

Le juge abat son marteau sur le socle.

Les éléments à charge présentés à l'audience préliminaire viennent de mener au procès.

— J'espère que Prinston sait ce qu'il fait, lance mon client.

Je viens de lui éviter de passer les prochains mois en prison grâce à l'obtention de sa mise en liberté sous caution, ainsi que l'autorisation du juge Memphis de rejoindre l'une de ses demeures secondaires dans l'état de Washington. Ça devrait normalement suffire à répondre à sa question.

— Vous êtes libre et vous allez continuer de porter vos costumes sur mesure, j'en déduis donc qu'il sait effectivement ce qu'il fait.

Prinston compte parmi les avocats du vice-président. C'est vers lui que notre client s'est tourné pour s'occuper de son cas, mais c'est à moi qu'il a confié le dossier.

— Espérons que vous pourrez continuer à acheter les vôtres à la fin de ce procès.

Sous-entendu ? Si je ne le gagne pas, cette crapule me fera radier du barreau.

Je ne noue pas spécialement d'affinité avec mes clients, j'emploie les mots qu'ils veulent entendre, les incite à me faire confiance en peu de temps et assure leur défense. Fin de l'histoire. Leurs vies ne m'intéressent pas quand bien même il s'agit de celle du président de substitution du pays.

C'est une clientèle qui a tout à perdre. Leur statut, leur pouvoir, leur réputation. Elle compte sur notre détermination pour se battre pour eux contre toutes accusations gravissimes (qu'elles soient vraies ou fausses) auxquelles elle est liée et demande un sérieux dévouement dans la gestion de leur dossier.

— Si votre affaire était simple, je ne serais pas ici, Monsieur Spezeli.

Avec moi, sa fonction n'est plus d'actualité. Il est mon client, celui pour qui je vais obtenir gain de cause. L'enjeu de ce dossier est bien trop grand pour ne pas gagner. C'est une deuxième chance en fait. J'ai laissé passer la première (ou plutôt elle m'a échappé) et maintenant, je viens récupérer ce qui m'attend et me reviens de droit.

— Ne soyez pas si confiant, maître Arvin.

La voix de ma consœur s'interpose. C'est la première fois que je l'affronte, mais je me suis renseignée sur elle. Sous son apparence de princesse, c'est une vraie panthère noire. Comme moi, elle est prête à tout pour gagner, mais son expérience ne lui sera pas suffisante pour remporter la victoire. Autant dire qu'elle gardera même un mauvais souvenir de ce qui l'attend.

D'après mes recherches, elle a déposé plusieurs fois sa candidature auprès de Prinston & Pears et malgré ses multiples tentatives et lettres de recommandation qui louent ses compétences, elle n'a jamais décroché un poste chez nous. Elle n'atteint pas le taux d'acquittement exigé par le cabinet et pour cause, seuls les meilleurs, à la pointure de leur domaine ont une place chez nous. Je prendrais plaisir à le lui rappeler, mais je me contente de me taire pour ne pas l'effrayer. Pour l'instant, du moins.

— Je conseille à votre client de profiter de sa liberté tant qu'il en a une, ajoute-t-elle le ton hargneux.

Ce n'est pas faute d'avoir tenté de la lui enlever.

— Votre conseil est bon à prendre, je vous suggère aussi de le mettre en pratique, je lui réponds.

— Ma liberté n'a pas sursis contrairement à celle de votre client.

— Non, en revanche, votre carrière est sur le point de se terminer. Étant donné qu'il s'agit surement de la dernière affaire que vous aurez à défendre. J'espère ne pas avoir tout vu, sinon je risque de m'ennuyer au procès.

Regain PrestigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant