3 | Gynécoteur

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Milann

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent au 17e étage. Je termine mon cappuccino acheté dans le café d'en face, ma veste sur le bras et traverse la pièce en direction de mon bureau tout en évitant d'attirer l'attention.

Nos collaborateurs ont la tête plongée dans leur dossier alors que Slain, assis en bout de table, remarque ma présence malgré mes efforts pour passer inaperçue. D'un signe de la tête, il m'invite à rappliquer sur le champ, mais je refuse en secouant la mienne. Pas question d'entrer là-dedans dans une tenue qui ne recouvre même pas la moitié de mes jambes. Un dialogue en découle à l'aide de gestes et de regards fulminants à travers le vitrage de la salle de réunion. Chacun reste sur ses positions jusqu'au moment où je le vois insister vivement avec un dernier regard menaçant. Si j'ose continuer mon chemin, il m'étripera à la minute où cette réunion se terminera, c'est certain. J'aperçois Jeston me rejoindre au même moment en ouvrant la grande porte, elle aussi entièrement transparente.

— Une minute de plus et j'y passais, se plaint-il. Qu'est-ce que tu faisais ?

Le moment n'étant pas très bien choisi pour lui raconter mon début de matinée, je lui demande de me faire gagner encore un peu de temps pour que je puisse aller me changer avant d'entrer dans cette salle submergée de testostérone.

— Hum, non désolé chérie, mais je ne tiens pas à ce que Slain me tue à ta place, rétorque-t-il en plaçant sa main sur mon dos. En plus, tu ne seras pas déçue, fais-moi confiance.

J'ai tout juste le temps de prendre une inspiration avant qu'il ne me pousse en avant.

— Ce n'est pas trop tôt ! s'exclame mon boss en me voyant, les nerfs gonflés à bloc.

Et il a de quoi être remonté. Il vient de passer plus d'une heure à faire mon éloge auprès de nos collaborateurs et la première chose que je leur montre, c'est mon manque de ponctualité.

— Bonjour à tous. Veuillez m'excuser pour mon retard, dis-je sans me préoccuper des regards posés sur moi.

Mon instinct me soufflait déjà les hypothétiques commentaires auxquels je devrais faire face, alors je ne suis pas étonnée lorsqu'un sifflement déplacé résonne dans la salle, symbole de l'accueil que mon cher connard de collègue me fait. Nelson Gids est le seul à parler cette langue. Allure de parfait Américain et une langue de serpent, il sait pourtant qu'il ne faut pas me chercher, mais il n'arrête jamais de me provoquer. C'est à se demander s'il aime me voir lui sauter dessus. Bon sang, je le hais. Mes yeux se lèvent au ciel pendant que je m'efforce de ne pas entrer dans son jeu jusqu'à atteindre la place libre à côté de mon boss, bien loin de sa tête de con. Mon assistant, lui, prend place en face de moi avec un sourire malicieux dessiné aux lèvres. Avec ses yeux, il m'invite à regarder à sa droite et ce n'est que lorsque je pose ma veste sur le dos de ma chaise, que je croise son regard en relevant la tête.

D'où sort-il cet homme putain ?

Assis de l'autre côté de la table, dans un costume rouge bordeaux de qualité, il me couve du regard et ne se retient pas de reluquer mes formes en baissant ses yeux. Ses cheveux blond foncé sont courts sur le côté du crâne et volumineux au sommet. Quelques mèches plus claires, coiffées dans un mouvement arrière, contrastent avec la couleur de son dégradé. Sa barbe plus entretenue que mon entrejambe est assortie à la couleur de ses cheveux. De la prestance, un beau visage et une façon de regarder qui me paralyse contre mon gré. Je reste debout devant ma chaise, accrocher à ses yeux noisette, jusqu'au moment où je vois le haussement de ses sourcils. Il attend surement une réaction de ma part, mais comme rien ne se passe le coin de sa bouche s'étire. Avec une once de mépris, il cligne des paupières et tourne finalement la tête vers l'homme à côté de lui, dont la barbe et les cheveux courts sont gris.

Regain PrestigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant