9 | Ne pas franchir les limites aussi bien imaginaires que réelles

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Milann

Après cette longue journée interminable, nous nous garons enfin devant notre hôtel à 23h00. Arvin a eu raison d'improviser cette réunion. Grâce à elle, nous avons élaboré notre stratégie commune comme une parfaite équipe. Ce soir, je suis satisfaite de ce qu'on a accompli et ce n'était pas gagné.

L'avocat défait sa ceinture et sort de la voiture pour donner les clés au voiturier devant l'hôtel. On m'ouvre la porte et je descends en faisant comme si je ne souffrais absolument pas dans ces talons de dix centimètres. Oui dix, parce que toute femme qui se respecte dans ce milieu ne met pas en dessous de huit centimètres, enfin sauf celles qui ne veulent pas perdre leurs orteils.

Dès que je passe les portes rondes de l'hôtel, je tombe sur un magnifique hall de réception. Tout dans le design est fait pour accueillir une clientèle assez exigeante et prestigieuse. La décoration est inspirée d'un style contemporain et moderne, très épuré et dans les tons neutres. Des canapés ronds en velours beiges sont aménagés dans le hall et un éclairage en LED serpente le plafond en longueur.

Nous nous présentons au comptoir de la réception, derrière lequel se trouve un gigantesque mur végétal artificiel offrant une ambiance chaleureuse. Le parfum floral qui plane est rehaussé en note d'iris et en arômes fleuris qui rendent l'atmosphère raffinée et réajuste l'équilibre de mes sens. Une senteur sortie tout droit du paradis. Prinston & Pears ne font vraiment rien à moitié.

— Bonsoir, nous avons une réservation au nom du cabinet Prinston & Pears de New York, annonce Arvin.

Le réceptionniste tape sur son ordinateur pour retrouver la réservation, avant de confirmer que tout est en ordre.

— Je vous donne immédiatement la carte de votre suite, nous informe-t-il.

Il a dit LA carte de votre suite ?

Aussitôt, l'homme en uniforme nous donne deux cartes noires, avec inscrit dessus le numéro de la suite.

— Excusez-moi, articulé-je en m'imposant. Juste pour être sûre, c'est bien deux chambres bien distinctes dont il est question, n'est-ce pas ?

Il me regarde un moment hésitant, puis plonge son regard dans les yeux noisette de l'avocat comme s'il avait besoin qu'il lui dicte quoi faire.

— Hmm... Laissez-moi vérifier un instant.

Nous patientons en silence le temps qu'il nous informe s'être trompé et qu'une chambre à moi toute seule m'attend.

— En fait, la réservation comporte une seule chambre. Mais c'est une très grande suite avec une vue panoramique sur Seattle et un all inclusive. Avec bien entendu l'accès au spa, la salle de sport, la salle de cinéma ainsi que toutes boissons dans nos bars...

Je n'écoute plus le réceptionniste qui tente me prendre par les sentiments en me listant les accès dont j'ai droit. Comme si ça allait me réjouir. Mon cher collaborateur, lui, trouve la situation très amusante, mais il retient son rire en plissant ses lèvres.

— Vous vous foutez de moi Arvin j'espère ?

— Ce n'est pas moi qui ai réservé la chambre.

— J'en ai rien à foutre, l'attaqué-je avant de me tournant vers l'homme confus derrière le comptoir. Ça ne fait rien, trouvez-moi une autre chambre je vous prie.

— Je suis désolé madame, mais nous n'avons plus de chambre disponible à cette heure-ci.

Il est en train de me faire un scénario de téléfilms foireux ? Que les choses soient claires entre nous :

Regain PrestigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant