11.1 | Tatouage éphémère

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(contient scène explicite 🌶️)

Milann


Le clap de fin est brutal. Je n'ai pas d'autre choix hormis de suivre Jax vers les ascenseurs sans dire un mot. L'expression qui règne désormais sur son visage me coupe toute envie de tenter une pirouette de rattrapage. Je reste simplement silencieuse à côté de lui, en acceptant le sort de cette ambiance de mort qui pèse au-dessus de nos têtes et quand je pense à ce départ précipité, c'est peut-être le pire jeu de mots. Parmi les sujets abordés ce soir, celui de sa famille reste le plus sensible.

L'embarras flotte dans l'air en même temps que le silence s'élève avec nous. Et merde, la descente ne m'avait pas paru aussi longue.

Égoïstement, j'aurais aimé poursuivre cette discussion et lui prêter une oreille attentive comme il l'a si bien fait avec moi. Je ne connais pas le deuil à proprement parler, mais je l'ai côtoyé de loin et encore aujourd'hui à travers mon père et Marlon.

Plus nous en apprenions sur nos vies, plus la rancœur que je lui portais s'est volatilisée. Cette version cachée de lui-même est plus appréciable que celle qui me montre depuis notre rencontre, seulement il ne l'a pas exposé bien longtemps.

Quand les portent de l'ascenseur s'ouvrent enfin sur notre étage, nous nous dirigeons en même temps vers la sortie en nous heurtant comme deux imbéciles.

— Allez-y, dit-il en se reculant.

Je sors la première alors qu'il reste derrière moi jusqu'à atteindre la porte de la chambre (rien de plus gênant quand on porte une robe ras-les-fesses). Une fois devant, il retient la porte d'une main pour me laisser passer devant lui.

Dans ce silence de plomb, j'enlève mes chaussures et croise finalement son regard lorsqu'il s'arrête devant la salle de bain.

— Prenez le lit, je vous le laisse.

Et je me sens soulagée qu'il reprenne la parole après ce long moment d'abstinence. Je regarde l'immense lit à ma gauche et réfléchi un instant... Oui, je vais définitivement finir par dire ce à quoi je pense.

— On peut partager le lit.

Vous vous souvenez ? Pas de jugement.

Ma conscience s'en charge déjà assez et pour ce que ça vaut, il y a largement la place pour quatre personnes dans ce lit. Impossible qu'on se gêne pendant notre sommeil... Quoi ? Moi, essayer de trouver des arguments ? N'importe quoi.

— Ce n'est que pour une nuit, mais interdiction de dormir nu, ajouté-je avec humour.

— Je garderais ce qu'il faut, ne vous en faites pas.

Je souris à sa réponse alors qu'il tourne son bracelet de son autre main, les yeux braqués au sol. Puis, il s'appuie avec son épaule contre le mur du couloir.

— Vous n'avez rien dit de mal.

— Ne vous inquiétez pas, ça ne me regarde pas, affirmé-je pour le rassurer avant de simuler une petite démangeaison à la nuque.

Wow. Il se passe quoi là ?

Si cette situation m'avait été prédite, j'aurais parlé de chatons pour finir cette soirée sous une meilleure note. Quelques secondes plus tard, l'avocat relève ses yeux ambrés sans savoir quoi faire. Peut-être t'écarter du chemin Arvin ? Tu bloques l'accès de la salle de bain.

— Vous voulez peut-être vous changer ?

— Oui, je dois...

Surtout faire un tas d'autres trucs, à commencer par me taper la tête contre le mur pour reprendre mes esprits. L'air trop étourdi, je ne termine même pas ma phrase. Cette proximité me fait perdre le fil de la raison. Le stratagème mis en place dans ma tête lorsque Jax était sous la douche vient de tomber à l'eau. C'était simple, éveiller son désir, le voir me convoiter pour ensuite lui rappeler que le travail est ma seule ligne directrice. D'où cet accoutrement censé m'aider à parvenir à mes fins. Je prévois toujours une tenue dans le cas où une situation inattendue à laquelle je ne penserais pas (comme je ne sais pas au hasard rencontrer l'homme de ma vie) arriverait. Ou bien, quand une situation demande de sortir les grands moyens, comme ici avec Arvin. Et je devrais remercier ma curiosité pour toujours poses les bonnes questions.

Regain PrestigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant