16 | Faire son propre chemin

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Milann


Los Angeles a un climat plus chaud comparé à Seattle et après avoir eu les jambes glacées par le froid pendant tout le vol, c'est un soulagement de les sentir à nouveau.

Rosie et moi étions installées à côté l'une de l'autre, alors que le siège de Jax était à quelques rangées de la nôtre. Nous en avons profité pour dormir un peu pendant ces quelques heures de voyage.

Entre le peu de sommeil de la nuit dernière et ce vol imprévu, j'ai du mal à suivre le rythme. Heureusement, je peux compter sur le maquillage pour camoufler mes cernes et embellir suffisamment mon teint.

Nous nous dirigeons vers l'adresse du studio où travaille le photographe dans la location encore moins discrète que la première (je lève les yeux au ciel) et réservée par Jax. 

Le trajet se fait dans un silence profond. D'un côté, moi essayant de garder les yeux ouverts, de l'autre Rosie à moitié endormie sur les sièges de derrière. En ce qui concerne le frère de cette dernière, je ne sais pas où il trouve encore son énergie, mais je le remercie intérieurement de prendre en main la situation. 

Je me suis contentée de le suivre jusqu'à l'intérieur de la voiture sans dire un mot, alors qu'il a passé son temps le téléphone accroché à l'oreille dès la sortie de l'avion. Je n'étais pas en mesure d'entendre sa conversation téléphonique, car il avait une avance de quelques mètres sur nous. Concrètement, il ne fallait pas compter sur moi. 

La seule chose réalisable dans mon état a été de donner des nouvelles à mes proches tout en restant assez vague sur ce qui se passait ici. J'ai promis à Jeston de tout lui raconter dans les moindres détails une fois de retour et il ne gardera pas sa langue dans sa poche. 

Je sens déjà son jugement s'abattre sur moi. Je me suis également rapproché de Gids pour savoir si tout se passait bien et il m'a répondu, je cite « je sais ce que je fais ». Lui, en revanche a l'air d'avoir oublié ce que je fais quand on me manque de respect.

Nous arrivons devant l'immeuble du studio à 16h10.

— C'est ici, confirme Rosie.

Impossible de ne pas remarquer l'état nerveux de Jax. Le manque de sommeil et la colère qu'il enfuie en lui depuis hier soir sont facilement perceptibles. Il a été pensif tout le long du trajet. 

Les manches de sa chemise blanche remontées jusqu'aux coudes, il jette un coup d'œil à ses notifications qui n'ont pas arrêté de s'afficher sur l'écran de téléphone. L'augmentation de sa pression artérielle fait ressortir ses veines jusqu'aux mains. 

Je n'ai pas pu empêcher mon regard de se poser sur un message provenant d'une Siena, la fameuse fiancée, je présume. Je ne devrais pas ressentir cette masse de déception en moi, pourtant elle est inévitable et devant moi. Désespérant.

Dès que Jax termine de regarder rapidement ses messages avec son air impitoyable sur le visage, il ouvre la porte pour sortir de la voiture sans prévenir. Je le suis alors et descends du véhicule.

Nous entrons les premiers dans l'immeuble suivi de Rosie. En premier lieu, le studio ressemble à un immense entrepôt remis à neuf et éclairé par la lumière qui traverse toute la lignée de fenêtres en hauteur.

Puis en s'avançant un peu plus, le territoire du photographe se dévoile à nous. L'espace est bondé de matériel d'éclairages, numérique et fonds blancs.

Un homme aux cheveux bruns se tient debout devant une table sur laquelle sont éparpillées dans un alignement symétrique des photos d'essai photographique. Aucune présence de modèle ou assistant dans les alentours, il est seul à s'ambiancer sur le fond de musique pop résonnant entre les murs, une cigarette allumée en bouche. 

Regain PrestigeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant