Regain Prestige

4 | Un nom interdit

Milann

J'ai échangé ma robe ensanglantée contre une nouvelle tenue dans le thème de la vengeance et chaussé une paire d'escarpins sulfureuse. Le mot stagiaire sera banni de l'esprit de l'avocat à l'instant où il me reverra. L'experte que je suis ne peut pas être associée à ce terme. C'est mon métier de gérer des situations de crise et je vais parfaitement gérer celle-ci.

Affalé sur le canapé de mon bureau, Jeston écoute mes lamentations depuis au moins une heure sur cette matinée horrifique et sanglante.

— Tout ça à cause de ce gynécologue, dis-je en terminant ma remise en beauté.

Je passe ma main dans ma chevelure brune pour remettre un peu d'ordre dans mes mèches en lissant mon carré long avec les paumes de mes mains.

— Le docteur Nash ?

— Non, j'ai eu un remplaçant.

— Je croyais que papi Nash était le seul à pouvoir t'examiner, s'étonne mon assistant.

— J'ai été prise au dépourvu, expliqué-je sans rentrer dans les détails. Et il m'a donné un tampon de mauvaise qualité.

Je souffle en m'asseyant sur ma chaise derrière mon bureau, la tête penchée sur le haut du dossier. Je ne pourrais jamais oublier cette matinée qui vient de prendre place dans le top 10 de mes pires souvenirs.

— Tout ce que ces hommes retiendront aujourd'hui et pour les années à venir c'est mon énorme vagin pissant le sang.

— Arrête de ressasser ce qu'il s'est passé. Tu dois te concentrer sur Arvin maintenant.

Il veut surement dire le dossier et je jure de le virer si je l'entends une fois de plus fantasmer sur lui. Une heure que je l'entends répéter les mots, sexy, fesse et croquer dans la même phrase.

— C'est le genre d'homme qui aime dicter ses lois, alors tu vas me faire le plaisir de lui montrer qui est Milann Saige, m'encourage-t-il en claquant ses doigts aux ongles manucurés d'un verni couleur jaune pastel.

J'acquiesce en relevant la tête et me motive à reprendre confiance en moi. Comme l'a dit Prinston, je ne recule devant rien et cet avocat ne fera pas l'exception.

— Où a lieu le rendez-vous ? demandé-je.

— Dans un restaurant ultrachic où ils ont l'habitude de manger d'après ce que j'ai compris.

Un restaurant pour traiter d'un dossier aussi important ? Je vais donc devoir partager un dîner avec un homme que je ne peux déjà pas supporter, je m'en réjouis.

— Et sinon, Brody ?

Je lui adresse un regard froid. Le sujet que je voulais éviter aujourd'hui et tous les autres jours.

— Je n'ai qu'une chose à dire là-dessus. On arrête les dates pour le moment.

Je préfère m'éviter un nouveau un rendez-vous arrangé dans lequel j'écoute quelqu'un avoir les réponses à toutes les questions qu'il me pose. Brody savait tout. Même les informations les plus personnelles, Jeston lui avait déjà raconté tout ce qu'il y a avait à savoir de moi et c'était très gênant d'assister à ça.

— Bon, c'est vrai que je me suis un peu emballé avec lui, mais le prochain sera le bon !

— Il n'y aura pas de prochain, Jeston. Je suis sérieuse, tranché-je malgré son insistance.

— Je te promets de laisser la magie opérer avec le suivant.

— Et si tu allais t'impliquer autant en répondant aux emails ? On est sous l'eau.