Pas méchant, Juste blessé

55- Questionnement

Mon regard est fixé sur Draco. Mes yeux sont plongés dans les siens alors que je divague dans mes pensées. Mes yeux bleus prennent lentement un reflex orange. Toujours perdu dans mes pensées, je ne remarque pas que j'affiche un léger sourire en coin. Mon expression est un brin troublante, mais je ne m'en aperçois pas.

- Princesse, à quoi, penses-tu ?
Me dit Draco en rigolant doucement.

Cela me sort tranquillement de mes pensées. Me ramenant ainsi dans la réalité. Je garde mon regard fixé au sien malgré tout. J'ai besoin de le regarder pour avoir le courage de lui dire ce à quoi je pensais.

Draco n'était pas au courant que je voulais arrêter mon père. Mattheo et moi avions décidé de garder cela secret pour l'instant. Je ne sais pas comment il va réagir et cela m'angoisse un brin. Je sais qu'il n'a jamais vraiment voulu être un Mangemort, mais cela ne veut pas pour autant dire qu'il sera à l'aise avec ce que je vais dire.

Je sais pertinemment que son père lui met beaucoup de pression pour donner une bonne impression au Seigneur des ténèbres, c'est-à-dire mon père. De plus, il est très probable que mon paternelle ait informé Lucius Malfoy que son fils et moi étions proches, ce qui déplaisait à mon père. Draco doit avoir pris un coup sur l'estime que son père lui porte. Il ne me le dira probablement pas ni ne me l'avouera jamais, mais je le sais tout de même.

Aillant passé ma vie au manoir, j'ai rencontré de nombreux fidèles de mon père. Je n'avais pas le droit d'être aux réunions, car il voulait cacher mon existence. J'étais donc enfermé, mais j'entends tout de même les discussions que les Mangemort avaient avec mon déplorable père.

J'ai souvent entendu Lucius parler de son fils à Voldemort. Au début, ils parlaient d'intégrer le jeune Malfoy en tant que Mangemort. Mon père disait souvent que cela permettrait à Lucius de se racheter de ses horribles erreurs.

Mon père est un manipulateur. Il a manipulé Lucius Malfoy pour qu'il intègre son fils dans sa vision du monde. Voldemort savait pertinemment que Draco accordait une grande importance à son père et à l'image que celui-ci avait de son fils. Mon géniteur savait pertinemment que Draco serait incapable de ne pas accomplir ce que son père lui demande.

Le but de mon père était de répandre sa vision du monde sur toutes les générations. Draco était l'un des premiers de sa génération à être intégré. Theodore Nott et Lorenzo Bershirke ont font également partie.

Cela me faisait hésiter à lui dire. Il avait clairement déçu son père en se tenant avec moi. Son estime en avait pris un coup. Je le savais. Je pouvais le sentir, mes pouvoirs me permettaient de le savoir. Cela me fit un brin de peine. Mon père était déplorable. Pourquoi fallait-il qu'il soit ainsi ?

Sachant que l'estime de Draco avait pris un coup, je le voyais mal le mettre au courant de mon plan. Si je lui dis que moi et mon frère comptions arrêter notre père, l'éliminer, l'arrêter, mettre fin à son règne et à la terreur qu'il répand. Il serait en quelque sorte complice. Il serait obligé de ne pas révéler cela. J'ai peur que cela le fasse sentir coupable, horrible ou bien diminue son estime. Il est quelqu'un de fabuleux, mais il n'arrive pas à s'en rendre compte.

Le fait de devoir garder cela secret, pourrait vraiment lui faire mal, psychologiquement. Il devrait mentir à son père, mais aussi perdre l'estime que son père lui accorde. En étant complice du fait que nous voulons arrêter Voldemort, cela l'impose à démolir tout ce dont en quoi son père accorde de l'importance. Ce qui va assurément détruire toute trace d'estime que Lucius accorde à son fils.

Je ne sais plus quoi faire. Je ne veux pas cacher cela à Draco. Je n'en suis pas capable, mais en même temps, je ne veux pas le blesser. Je sais que se dont son père pense est important pour lui. Et je ne peux me permettre de lui demander de tout détruire cela. Je ne veux pas qu'il se sente mal envers son père. Je sais que cette relation qu'ils ont entre eux n'est pas tout à fait saine, mais malgré tout, elle est importante pour lui. Je ne suis pas celle qui doit l'arrêter dans cette drôle de relation. Je n'en ai pas le droit. Une part de moi le comprend.

Quand j'étais jeune, mon père était mon exemple. Je le plaçais sur un pied d'estale, il était vraiment impressionnant et incroyable pour moi quand j'étais enfant. Je ne voyais pas tout le reste, c'est-à-dire le mal qu'il faisait. Ce n'est qu'en grandissant que je m'en suis rendu compte. Malgré tout, je me suis toujours forcé à être comme il voulait que je sois. Je me suis pratiqué pendant des années pour pouvoir contrôler mes pouvoirs pour qu'il soit fier de moi. Je suis et j'étais contre sa vision de la vie et de la façon dont l'ordre devait régner, mais cela ne m'a jamais empêché de vouloir avoir son affection et sa fierté.

Je ne peux blâmer Draco pour avoir cette relation envers Lucius. J'ai grandi avec ce même sentiment qui est un brin malsain. Je comprends qu'il en a besoin. Parfois, on préfère éviter de faire face à la réalité et de juste agir de la façon la plus simple pour avoir de l'amour et de la fierté. La plupart du temps, nous délaissons nos valeurs et nos visions des choses juste pour obtenir ce sentiment de réussite et de fierté. C'est ce que Draco a fait, mais je ne peux pas le blâmer.

C'est en vivant les plus grandes souffrances qu'on réalise que tout cela est malsain. C'est ce qui m'est arrivé. Quand j'ai compris que je n'aurais jamais le droit d'aimer celui que j'aime tant que mon père sera là. J'ai compris que je n'avais besoin de personne pour me sentir aimer et à la hauteur. J'étais capable de le faire moi même. J'ai compris que si je voulais me libérer de cette relation malsaine, je devais y mettre fin de façon définitive.

Je regarde Draco droit dans les yeux. Je ne peux m'empêcher de laisser couler quelques larmes sur mes joues. Je ne sais plus ce qui est la meilleure chose à faire.

Est ce que je dois le garder hors de tout cela ? Est ce que je dois me mêler à cette relation qu'il a avec son paternel ? Et si lui en parler était la meilleure chose à faire ?

Il en souffrirait si je lui en parlais, mais après tout, le seul moyen de le libérer de cette relation ambiguë avec son géniteur est la souffrance.

Mais est ce que je veux être la cause de sa souffrance ? Est ce que je veux le voir souffrir ?
Non. Je ne veux pas, mais est ce que c'est la meilleure option ?
Probablement....