24. Il y a-t-il un nous ?

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Élizabeth pdv :

Oh seigneur.

Il m'avait emmenée au museo del Prado. Je n'y étais pas retournée depuis tellement longtemps. Ce musée du Prado n'avait perdu aucun de ses attraits, il restait magnifique. Ses peintures européennes du XIVe siècle au début du XIXe siècle, collectionnées par les Habsbourg et les Bourbons, me faisaient toujours le même effet lorsque je les regardais.

Je vérifiai rapidement l'heure et le dévisageai :

- Je croyais que ce musée était déjà fermé, il est minuit passé.

Matthew me regarda droit dans les yeux le sourire éclatant aux lèvres, et fier de lui déclara tout en me montrant un trousseau de clé :

- Il l'était. Mais je l'ai exceptionnellement privatisé et ouvert pour ce soir.

Je me mordis la lèvre inférieure afin de m'empêcher de le remercier et continuai à marcher à ses côtés. Lorsque nous rentrâmes dans une de mes pièces favorites, j'en restai bouche-bée.

Le sol était couvert de tapisseries rouges et un grand lustre au centre de la pièce scintillait. Je m'approchai de ce lustre, et observai la couronne rangée dans une cage en verre qui reposait sur une table basse en bois.

- Tu la veux ? Entendis-je la voix rauque du mercenaire.

Je tournai la tête vers lui.

- Tu es fou..riai-je, elle n'est même pas à vendre et si elle l'était elle coûterait tellement cher que dépenser une somme pareille pour ça me ferait mal.

Soudain, ce fut comme si le monde autour de nous s'était arrêté. Nos regards s'étaient complètement ancrés l'un à l'autre. Aucun de nous n'osait parler, n'osait rompre cet échange si particulier que nous étions en train d'avoir.

Je n'avais jamais connu quelque chose comme ça. Quelque chose que je ne saurais même pas nommer, ni décrire.

Nos prunelles dilatées ne faisaient que se dévorer. Ce bleu océan qui coulait dans ses yeux était envoûtant, mais il me força à détourner le regard comme si je venais de me brûler.

- Quand j'étais petite, je passais le plus clair de mon temps ici, avouai-je tandis que nous nous déplacions dans une autre pièce, cet endroit avait quelque chose d'apaisant.

Il était derrière moi, je pouvais le sentir et entendre ses pas qui se ralentissaient, se faisant plus hésitants lorsqu'il avoua à son tour :

- Je sais Élisa. Je le sais.

Je me figeai.

Il savait ? Que savait-il au juste ?

Trouvait-il cet endroit apaisant aussi ? Ou bien, savait-il déjà mon ressenti quant à cet endroit ?

Avant que je n'aie le temps de dire quoi que ce soit, il me prit par la main et m'emmena dans une nouvelle pièce.

La pièce était gigantesque, le sol était d'un gris plutôt foncé, les murs peints d'une peinture blanche et décorés d'une vingtaine de tableaux avec des cadres dorés. Certaines peintures étaient même plus grandes que nous, prenant énormément de place sur les murs.

Matthew sortit son téléphone, de sa veste en cuir qu'il ne quittait jamais, et lança une musique.

Je fronçai les sourcils.

- Tu veux des réponses, pas vrai ? Mérite-les et viens les chercher. Dit-il avec son éternel sourire tout en me tendant la main.

Sans réfléchir plus longtemps, j'attrapai faiblement sa main qui se referma sur la mienne, me rapprochant de lui.

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