32. Bain glacé

39 0 0
                                    

Élizabeth pdv :

Ses mains étaient froides. Froides comme un lac glacé, comme un bain que l'on a oublié de prendre. Pas comme des mains devraient l'être. Pas comme les siennes le devraient.

Ses yeux que je trouvais si glaciaux au début lorsque nous nous étions rencontrés, ne reflétaient plus rien. Je n'y voyais plus que mon propre reflet.

- Mon ange, ne t'endors pas, s'il te plaît. Le suppliai-je morte de peur.

Il serra plus fort ma main et son regard plongea dans le mien. Un léger sourire qui n'en restait pas moins douloureux se forma progressivement sur son visage.

- Élisa, si ça doit être la dernière fois que je te vois-

- Non, je refuse que ça le soit. Je t'ai jugé trop vite Matthew, le coupai-je, tu es différent.

Tu n'es pas comme ton père. Eus-je envie de lui dire mais les mots ne trouvèrent pas mes lèvres.

Mon coeur manqua de quitter ma poitrine tant il battait vite. J'étais pétrifiée de peur, je ne voulais pas le perdre. J'étais terrifiée tant il m'avait plus apporté en quelques semaines que n'importe qui en plusieurs années.

Je m'étais putain d'attachée.

- Si ça doit être la dernière fois, répéta-t-il faisant abstraction sur ce que ce que je venais de dire,je veux que tu m'embrasses Élizabeth. Je veux que tes lèvres me prennent mon dernier souffle, parce qu'il n'y a que comme ça que je souhaite mourir.

Des larmes sur mon visage coulèrent doucement, et je ne les chassai pas. Pourquoi ? Parce qu'il les méritait. Il méritait que je lui montre ce qu'il me faisait ressentir. Il méritait de voir ce que je considérais comme des faiblesses.

Parce que ma confiance, je l'avais déposée au creux de ses mains.

- Pablo va bientôt arriver, tu ne vas pas mourir.

- Princesse, ne me fais pas me répéter, s'il te plaît. Murmura-t-il d'une voix faible tandis qu'il s'efforçait de ne pas fermer les yeux.

La main toujours appuyée contre sa poitrine afin de stopper le plus longtemps possible l'hémorragie, je me penchai au dessus de son visage. La douleur me comprima la poitrine, comme un couteau bien aiguisé elle s'enfonça dans mon coeur, que je pensais ne plus avoir.

Faiblement, il attrapa ma taille afin que je me rapproche plus encore de lui. D'une main tremblante, il saisit mon visage en coupe, effleurant des doigts ma joue, et par la même occasion séchant mes pleurs qui redoublaient. Ma respiration se fit plus bruyante avant qu'il ne me la coupe lorsqu'il posa doucement ses lèvres sur les miennes. Elles n'avaient plus le parfum de l'interdît.

Sa bouche représentait les pétales d'une fleur qui s'envolaient au loin, là uniquement pour une durée déterminée. Il ne dévora pas mes lèvres, il les embrassa comme s'il était en train de me vénérer avec tout le respect que je méritais. Le mercenaire glissa lentement sa main meurtrie dans mes cheveux, tandis que je pressais avec retenue ma main libre sur sa joue.

Notre baiser était maladif, il était fiévreux tant nous exprimions notre désespoir. Une tristesse qu'aucun de nous n'était capable de contrôler. Mes larmes ne cessèrent de couler le long de mes joues, et bientôt je sentis les siennes aussi. Dans le but de m'empêcher de pleurer, Matthew attrapa chacune de mes larmes en embrassant chaque partie de mon visage.

- Si j'avais su que ce serait la dernière fois que je t'embrasserais, je l'aurais fait bien plus tôt, soit dès que je t'ai vue.Souffla-t-il avec difficulté malgré tout.

PassionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant